Rencontre avec Jean Lassalle: le député marcheur.
J'ai rencontré le candidat atypique de la présidentielle de 2017, en 2013 ...
A l'époque Jean Lassalle le député du Sud-Ouest avait entamé depuis le 10 avril une longue marche à l'écoute des Français. En chemin, le parlementaire a lancé des "Cahiers de l'espoir", inspirés des Cahiers de doléances de l'Ancien régime, dans lesquels il invite chacun, via le site qu'il a ouvert ( www.ledeputequimarche.fr) à écrire ses attentes et revendications. Sur la route il croise de manière improvisée les citoyens et il discute avec eux.
Pour moi peu importe l'étiquette politique de l'élu du Béarn. Son projet a une dimension philosophique. Quand je l'ai rencontré je lui ai parlé de l'humanisme de sa démarche et de son éloge de la lenteur. Loin de l'urgence de nos sociétés contemporaines Jean Lassalle reconfigure l'espace et le temps. Il prend du temps pour renouer un lien avec les autres. Ce géant laisse le Tic Tac de sa montre pour se synchroniser avec le rythme du coeur.
Métro-boulot-dodo : la maxime des urbains stressés a assez duré. Aujourd'hui, l'éloge de la lenteur c'est un mouvement : la "slow life". Il gagne ou regagne toute la France. Changer de vie, faire des choix mûrement réfléchis, se poser des questions dans sa consommation, son travail, l'éducation de ses enfants. La marche connaît de plus en plus d'adeptes qui en recueillent les bienfaits.
Selon le philosophe Frédéric Gros la marche est un sport mais aussi un acte philosophique et une expérience spirituelle. On vit plus longtemps en marchant, pas au sens où cela rallongerait votre durée de vie, mais au sens où, dans la marche, le temps ralentit, il prend une respiration plus ample. Un espace que vous appréhendez par la marche, vous ne le dominez pas simplement par le regard en sortant de la voiture (une prise de vue), car vous l'avez inscrit progressivement dans votre corps. Si on redécouvre aujourd'hui les bienfaits de la marche, c'est que l'on commence à sentir que la vitesse, l'immédiateté, la réactivité peuvent devenir des aliénations. On finit, dans nos vies ultramodernes, par n'être plus présent à rien, par n'avoir plus qu'un écran comme interlocuteur. Nous sommes des connectés permanents.
Ce qui fait l'actualité critique de la marche, c'est qu'elle nous fait expérimenter la déconnexion comme une délivrance. Marcher c'est se retrouver, sans masque social en retrouvant des plaisirs simples comme boire de l'eau, respirer, se reposer. Mais la marche permet aussi de se réinventer, en marchant, on se débarrasse d'anciennes fatigues, on se déleste de rôles factices, et on se donne du champ. En marchant, tout redevient possible, on redécouvre le sens de l'horizon. Ce qui manque aujourd'hui, c'est le sens de l'horizon : tout est à plat. Labyrinthique, infini, mais à plat. On surfe, on glisse, mais on reste à la surface, une surface. En regardant la vidéo ci-dessous de Jean Lassalle vous retrouverez toutes ces dimensions. A suivre...