Mathias Guerra - De la fureur de vivre à la force tranquille
Comme le personnage de Jim Stark du film La Fureur de vivre (Rebel without cause avec J Dean 1955) Mathias Guerra reconnait un passé de bagarreur durant son adolescence qui risquait de lui jouer des tours. Mais avec le MMA (Mixed Martial Arts) son impulsivité est maintenant canalisée... Calme il regarde l'avenir avec confiance.
Mathias est originaire du 43, c'est un combattant MMA (Mixed Martial Arts ) de 23 ans licencié au Solaure Fight Team club de Saint-Etienne http://mmasolaure.over-blog.com/ . Vous pouvez le suivre sur sa page https://www.facebook.com/pages/Mathias-Guerra-Officiel/458428904302441?fref=ts
J'ai souhaité le rencontrer dans le cadre du blog la Stratégie du Poulpe car il me semblait qu'il fallait casser les clichés et les laisser au vestiaire . Essayons donc de mettre "les poings sur les i"...
En effet , le Mixed Martial Arts encaisse beaucoup de clichés. Pour défendre son sport, Mathias a la foi quand il en parle ....On peut se demander pourquoi le MMA en plein essor depuis plus de 20 ans pâtit d'une image aussi désastreuse en France. Le champion Cyrille Diabaté déclare : On parle de nous comme si on était des voyous !
Pourtant, la quasi-totalité des combattants est issue d'une ou plusieurs disciplines d'arts martiaux comme le judo, le karaté, le jiu-jitsu, le kung fu ou encore la lutte, qui impliquent code de conduite et éthique de travail. En effet, la dénomination "freefight" ou "combat libre" laisse trop supposer que les sportifs MMA ont le droit à tout pour remporter la victoire. Pourtant les interdictions sont nombreuses pour protéger l'intégrité physique. Par exemple plusieurs types de frappes sont interdits comme le coup de pied et le coup de genou au visage(au sol), le coup de coude du haut vers le bas et les coups portés à l'arrière du crâne. Un des adversaires de Mathias a été justement disqualifié lors d'un combat....
Nombre d'études démontrent d'ailleurs qu'en MMA, les traumatismes sont bien moindres qu'au judo ou en boxe anglaise. L'éternel exemple reste celui de la Suède où la pratique de la boxe professionnelle est interdite (malgré un assouplissement de la loi en 2007 après 37 ans d'interdiction totale) et celle du MMA autorisée.
Les pieds, les genoux, les poings, les coudes: tout cela peut donner l'impression d'un tabassage... Mais il semblerait que la possibilité de pouvoir porter des coups à divers endroits est nettement moins traumatisante pour le combattant que s'il ne devait prendre que des droites au visage. En boxe par ensemble, 80 % des coups sont portés à la tête, alors que dans un combat de MMA les frappes sont réparties entre la tête, les jambes, le torse. Enfin le public peut être trompé par l'image de la cage où se déroule les combats. Ce ne sont pas des bandits en cage qui se battent jusqu'à la mort. La cage est faite pour protéger les athlètes, éviter qu'ils tombent à l'extérieur du ring...
Alors peut on parler d'un processus d'étiquetage? Un sujet que connait bien le sociologue américain Howard S. Becker En 1963 il développe dans Outsiders la théorie de l'étiquetage. La déviance n'est pas une chose en soi, qui trouverait son origine chez la personne déviante, mais plutôt une catégorie construite au cours des interactions entre ceux que l'on qualifie de déviants, les gens qu'ils fréquentent, ceux qui se chargent de faire respecter les normes (qu'elles soient légales ou culturelles)... En un mot, « les groupes sociaux créent la déviance en instituant des normes dont la transgression constitue la déviance, en appliquant ces normes à certains individus et en les étiquetant comme des déviants ».
Le risque c'est que selon Becker l'individu stigmatisé endosse cette étiquette de déviant et il s'y enferme avec d'autres au sein d'un groupe de semblables.
Le MMA est clairement victime d'un traitement médiatique totalement partial ( le 9 aout dernier, L'Effet Papillon sur Canal+ s''était illustré par un sujet particulièrement partial et orienté ("USA : combats en cage pour enfants") tandis que le 28 septembre dernier, M6 a diffusé dans l'émission de Bernard de la Villardière, Enquête exclusive , un reportage relevant plus de la fiction que du journalisme .
Vexé par le reportage de M6, Mathias comme d'autres combattants ont posté cette photo sur les réseaux sociaux...A qui profite cette stigmatisation? Sans doute à des lobbies. Ceux des fédérations d'arts martiaux. On peut supposer que pour leurs dirigeants la popularité croissante du MMA risque de réduire le nombre de leurs licenciés. On peut donc se demander s' ils ne sont pas à l'origine à travers les médias de la fausse image que l'on peut avoir du MMA .Pour eux, les combattants MMA ne pratiquent pas un sport, ce sont des personnes violentes et dangereuses, sans codes. C'est ce que Becker nomme les entrepreneurs de morale , c'est-à-dire ceux qui se mobilisent pour désigner les déviants.
Pourtant Mathias n'a pas basculé du côté obscur de sa force, il est au contraire devenu un Superman!