L'Ethologue Cyrulnik que j'avais rencontré à Saint-Etienne fait l'éloge du chien de Lucky Luke. Selon lui nous avons laissé trop de place  à la parole. Il pense que les mots se sont séparés de nos perceptions, se coupant ainsi de la réalité de nos sensations.

Boris Cyrulnik, vous pensez que l'on a trop considéré que l'image rabaisse la pensée?

- Oui nous surcotons la parole et les mots. Ils représentent quelque chose qui n'est pas forcément le réel. Pourtant il faut que les mots désignent des choses. Le langage coupé du réel sensible c'est celui des idéologues, des gourous. On répète leurs slogans, on s'y soumet pour se sentir en sécurité avec d'autres personnes.

Pourquoi aimez-vous Rantanplan?

- C'est un chien qui nous prévient que les mots ne doivent pas être coupés du réel, sinon on délire. Avec un  chien un mot est un objet sensible: "sortir" "manger" "nonosse" désignent quelque chose liée à un sensation, une expérience vitale.

Vous souvenez de cet épisode où Lucky Luke demande à Rantanplan de garder un trésor. Il garde l'os pas les bijoux. Pour lui le trésor c'est un os. Il n'est pas trompé par les mots: valeur de chien= os. Je garde le trésor donc je garde l'os. Il raisonne en images plutôt qu'avec des mots. Ainsi il nous invite à ne pas nous couper de nos PERCEPTIONS, à ne pas nous enfermer dans un monde logique créé par la parole.

En réfléchissant à ces réponses de Boris je me disais qu'il est vrai qu'à l'école on fait ingurgiter aux élèves des tonnes de mots. Ils apprennent ces mots et les récitents dans des devoirs notés. Ces mots restent des mots il ne sont le plus souvent liés à aucune réalité sensible de leur vécu. A tel point que certains considère qu'il y a une réalité à l'extérieur et un autre monde celui de l'école où il faut apprendre des leçons pour avoir une bonne moyenne mais pas pour relier ces apprentissages avec la vie de tous les jours.    Je pense comme Cyrulnik qu'on a fétichisé les mots, l'image est mal vue à l'école. Tout le monde se tape des cours d'arts plastiques, la preuve ils disparaissent àu Lycée.  Je suis d'une génération où l'on a longtemps considéré la bande dessinée comme une pratique dévalorisante face à la littérature. Fan de BD j'ai passé des heures à recopier des cases de personnages célèbres comme Gaston Lagaffe ou Spirou. J'ai ansi l'habitude de bien relier des réalité à des images.  

Une petite anecdote: en septembre j'ai vu des élèves porter le T Shirt Wiz Khalifa, javoue que pour moi cette image liée au canabis (weed) n'a pas à être présente dans une classe.  J'ai donc demandé en cours d'Education civique à une centaine d'élèves ce qu'isl en pensaient: pour plus de 80% des élèves cela ne pose aucun problème qu'un élève porte ce T Shirt à l'école..Par contre près de 80% est choqué par la fraude fiscale du ministre du budget Jérôme Cahuzac.

On voit voit bien que ce qui choque pour Cahuzac c'est la transgression d'une loi écrite, par contre pour le T shirt Wiz Khalifa on m'a souvent dit "mais monsieur où est le problème, c'est juste un dessin !"  donc la transgression des mots de la  loi, la parole du mensonge de Cahuzac ont plus de sens pour les élèves que l'image transgressive de Khalifa et de la drogue dans un cadre scolaire. C'est bien le résultat des années d'éducation où comme le dit Cyrulnik on a rabaissé la valeur de l'image par rapport aux mots....