Hommage à Jean Dasté avec Robin Renucci
C'est lors d'une lecture de La Scène Natale dans le cadre d’une soirée hommage à Jean Dasté et Jacques Copeau qui avait lieu le mercredi 6 mai à à la Comédie de Saint-Etienne que j'ai pu rencontrer les comédiens Jean-Claude Penchenat et Robin Renucci (photo) .
Un récit écrit par Evelyne Loew et interprété par Christian Schiaretti, Robert Cantarella, Robin Renucci et Jean-Claude Penchenat. En présence de Catherine Dasté (fille de Jean Dasté) de Evelyne Loew
Jean Dasté et Jacques Copeau, pionniers de la décentralisation, était donc au cœur du spectacle donné à la Comédie de Saint-Étienne avec Robin Renucci.
Jean Dasté débute en 1919 au théâtre du Châtelet. En 1922, il entre à l'Ecole dramatique du Vieux-Colombier et suit Jacques Copeau lors de son installation en Bourgogne avec la troupe des Copiaux. Lors de sa dissolution, il revient à Paris et monte avec les anciens Copiaux la troupe des Quinze-Vingt. Au bout de deux ans, l'aventure se termine. S'ensuit une période de crise dont Jean Vigo viendra le délivrer en lui offrant son premier rôle au cinéma.
Artiste des planches avant tout, Jean Dasté a volontairement fixé des limites à sa carrière cinématographique. Il symbolise néanmoins cinquante ans de cinéma d'auteur français. Son regard à lui seul le rend émouvant dans Zéro de conduite (1932) de Jean Vigo, où il incarne un surveillant de collège. Il interprète de préférence des personnages discrets, généreux et bienveillants. Jean Renoir le transforme en étudiant rêveur dans Boudu sauvé des eaux (1932) puis en ouvrier typographe dans Le Crime de Monsieur Lange (1935). Mais son plus beau rôle est celui du marinier jeune marié dans L'Atalante (1933) de Jean Vigo. Son jeu sobre et juste, pratiquement muet de bout en bout, crée une harmonie inoubliable avec le réalisme poétique de l'auteur. Plus tard, sa carrière au théâtre grandit en importance et Jean Dasté n'apparaît plus que pour de petits rôles à l'écran, sans pour autant passer inaperçu. Le mélange d'humanisme et de dureté dont il anime ses personnages apporte une profondeur inattendue aux films de François Truffaut (L'Enfant sauvage, 1969) comme à ceux d'Alain Resnais (Mon oncle d'Amérique, 1979).
Jean Dasté est surtout comédien. Après des formules de théâtre ambulant, il crée la première équipe de décentralisation théâtrale, d'abord à Grenoble en 1945, puis à Saint-Etienne en 1947. A la fois animateur, metteur en scène et conseiller artistique de cette compagnie, il est surtout passionné par son public. Outre Molière, William Shakespeare, Bertolt Brecht, Georges Feydeau, il monte également des pièces d'auteurs modernes, notamment Armand Gatti, Vivaner, Jacques Audiberti, Jean-Paul Sartre, Sean O'Casey, Federico García Lorca ou Des Nô.
Jean Dasté installé à St Etienne insistait sur le rôle joué dans sa vie par le séjour en Bourgogne : « le théâtre m’avait intéressé, le théâtre me passionnait ; mais ce n’était pas de faire une brillante carrière de comédien qui m’intéressait. C’était que ce métier ait un sens. Et le contact que j’ai eu, la vie que j’ai menée avec Jacques Copeau et les copiaus de Bourgogne, les tournées que nous avons faites, les fêtes bourguignonnes auxquelles nous avons participé m’ont fait découvrir un public populaire, un public naïf, un public sain, un public enthousiaste. Et cela m’a énormément marqué. Il est certain qu’il y a beaucoup de chances pour que la décentralisation ne m’ait pas accroché comme elle m’a accroché si je n’avais pas été aux copiaus ».