Michel Boujenah a le blues
En cet été caniculaire l'humoriste nous fait un festival de blues, comme on dit à Saint Etienne il a un coup de babo. A Sainté il est souvent passé au Festival des Arts Burlesques (photo), mais mercredi 15 juillet sur RTL ça rigolait pas: il déclarait avoir été "catalogué" comme "le juif-tunisien de service" tout au long de sa carrière et discriminé à cause de son accent....
"Quand est en France, quand on arrive à 11 ans, qu'on a un défaut de langue et qu'en plus on a un accent juif tunisien à couper au couteau, dont on ne se rend pas compte, parce que pour moi je n'ai pas d'accent, on se moque de vous, parce que l'image qu'on a de vous elle est ridicule, elle est caricaturale"...
Avec le succès de son premier spectacle "Albert" en 1980, prenant pour thème la vie des juifs tunisiens immigrés en France, "tout de suite on m'a catalogué, on m'a remis une étiquette, l'étiquette que j'avais quand j'avais 12 ans, 15 ans, 16 ans, 17 ans. Je suis devenu le juif-tun de service, il m'ont refait souffrir encore", poursuit l'humoriste, qui a présenté cette année son nouveau spectacle, "Ma vie rêvée"...
"Vous croyez que j'ai pas de peine par exemple de pas être nommé aux Molières ?", demande-t-il. "Ça fait 36 ans que je fais ça, je mérite pas que mes pairs me disent T'as bien travaillé! ? C'est dégueulasse", s'indigne-t-il encore. ".. "Le jour où je vais m'arrêter, et un jour je m'arrêterai, dans 10 ans, 12 ans à peu près, je dirai exactement ce que je pense. (...) Le jour où j'aurai plus la peur de ne pas remplir mon théâtre parce que je serai plus jamais invité nulle part, parce que je vais vous massacrer tous, je vais vous dire ce que je pense pour la plupart, globalement, quand je ferai ma tournée d'adieu", a-t-il lancé, confiant ressentir "parfois de l'indignation, de la colère".
En fait en relisant ses déclarations ne peut on pas parler du syndrome du clown triste? En effet l'humour est une arme pour trouver sa place dans la société en attirant l'attention sans se révèler. Ainsi l'individu incompris se donne une image dont les autres se contentent sans chercher plus loin.
Mais jouer le pitre de service est risqué. On donne l'impression que l'on ne prend rien au sérieux et l'on devient quelqu'un que l'on ne peut pas prendre au sérieux. En fait c'est tout le contraire ce masque de rigolo cache des individus qui vont ressentir les choses d'une façon très violente et qui en souffre. En ce sens, l’humour est la politesse du désespoir....Quand le rigolo nous montre son vrai jour, parfois triste et cafardeux, il prend le risque de ne pas plaire à tout le monde. Mais ceux qui l' apprécient vraiment savent alors à quoi, et surtout, à "qui", s’en tenir.