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Blog-Serge-FREYDIER
20 octobre 2015

E Petit :le footballeur est devenu une marchandise

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Dans son livre "Franc-Tireur", le champion du monde nous  livre sa vision critique du football actuel.

"La finance a englouti le monde professionnel. Il faut faire avec… Le facteur sportif n'est plus la priorité aujourd'hui. Il faut faire de la rentabilité, au maximum. Je pense que tout le monde a ses responsabilités dans cette évolution, notamment l'UEFA avec la transformation de la Ligue des champions et les qualifications des 3e et 4e des grands championnats. Que fait-on de la méritocratie ? Elle est galvaudée en permanence au prix de la rentabilité. Je ne pense pas que ce soit bénéfique pour le football à long terme (...)"

Dans les nombreux thèmes évoqués lors de la conférence de la fête du livre je retiens: l’existence des TPO (Third Party Ownership). Un mécanisme financier permettant de faciliter l’achat de joueurs en octroyant une part de leur propriété à des fonds spéculatifs.

Existant depuis de nombreuses années en Espagne, au Portugal, en Russie ou dans les championnats d’Amérique du Sud, les TPO supposent que les footballeurs deviennent des actifs et peuvent être échangés comme des actions, sur des marchés de grés à grés.

 

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Un fonds indépendant va acheter des parts sur le joueur, souvent entre 10 et 40% de sa valeur totale. Par exemple, si en 2010, un attaquant a une valeur égale à 1 million d’euros, un troisième acteur, le fonds, va payer 100 000 € afin d’acheter 10% des parts.Si 1 an plus tard, l’attaquant a performé sur la saison et a vu sa valeur croître, un club demandeur va proposer 5 millions d’euros. Seulement, il ne s’acquittera que de 90% de la somme totale, puisque les 10 autres pourcents sont détenus par le fonds d’investissement.Pour un joueur valant 5 millions, le nouveau club ne payera que 4 500 000€. Quant au fonds, son intérêt est de conserver les droits économiques de l’actif et de profiter d’une certaine revalorisation salariale, prenant un pourcentage dessus, d’une commission et d’une prime à la signature.

De plus, étant en partie propriétaire, le fonds est aussi intéressé par la revente totale des droits. Par pure spéculation. Si les 10% achetés 100 000€ à l’instant t passent à 1 000 000€ à t+1, l’investisseur peut être incité à revendre l’intégralité des droits au club demandeur et ainsi récupérer 900% de plus-value. On voit bien que, d’un point de vue purement économique, le système des TPO est avantageux tant du côté des clubs que du côté des investisseurs. Ces derniers réalisent des bénéfices très élevés et les équipes peuvent obtenir des joueurs à des prix plus faibles que ceux fixés sur le marché. Seulement, il n’en reste pas moins que ce système est très risqué, économiquement, sportivement, éthiquement et juridiquement.

D’abord, les investissements dans le foot sont dépendants de la « glorieuse incertitude sportive ».Des fonds prennent des parts sur des actifs humains. Ces derniers peuvent se blesser, psychologiquement ou physiquement, et voir leur valeur baisser. Sportivement, les TPO contraignent les décisions des clubs. En effet, puisque leur seul objectif est la valorisation des actifs, « dégager une plus-value sur l’investissement », les fonds sont incités à ce que les joueurs changent régulièrement de clubs.Ethiquement, au-delà du risque de parier sur un actif humain, la critique passe par l’interprétation morale. Alors que la plupart des placements sont réalisés sur des entreprises ou des pays, dorénavant on va parier sur la valorisation de la valeur économique d’un être humain. On va concrètement parier « sur le pied gauche de l’attaquant vedette ».

Sous la poussée de l'UEFA, la Fifa a déjà décidé d'interdire cette pratique au niveau mondial, avec prise d'effet à partir du 1er mai 2015. Mais, en Europe, les ligues de football professionnel de l'Espagne et du Portugal avaient dénoncé dès février devant la Commission européenne la décision de la Fifa d'interdire la TPO. Le tribunal de première instance de Bruxelles avait toutefois conforté la Fifa et l'UEFA en rejetant fin juillet la demande déposée par l'entreprise Doyen Sports Investments et le club de deuxième division belge Seraing qui voulaient suspendre temporairement la mise en œuvre de l'interdiction de la propriété des droits économiques des joueurs par des tiers.

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