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Blog-Serge-FREYDIER
27 décembre 2015

Dans l'ombre de Karim Benzema...

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 Je me souviens que lors du rassemblement de l'équipe de France en Avril 2015 dans la région stéphanoise, nous étions une dizaine à avoir échangé quelques mots avec les Bleus en balade . Karim comme les autres n'avait montré aucun mépris pour les supporters de l'équipe de France, alors qu'on l'accuse souvent de cela. Au contraire très disponible il était arrivé vers moi en me tendant la main.

Alors que le flux émotionnel médias et réseaux sociaux va faire émerger des petits procureurs pour juger Benzema, il est sans doute urgent de prendre du recul. Après la sextape Valbuena, c'est l'affaire du crachat à Santiago Bernabéu... ce geste, capté par une caméra de télévision, a suffi à nourrir une polémique comme les réseaux sociaux en raffolent. Au fond, peu importe ce que dira (trop tard) la justice, Benzema est pour l’heure déjà condamné par la presse, les hommes politiques (le ministre des Sports, le Premier ministre) et, bien sûr, l’opinion publique (82 % des Français ne souhaitent plus le voir porter le maillot de l’équipe de France, selon un sondage réalisé début décembre).

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A mon avis il est pris par des forces qui le dépassent. Pour le montrer j'utilise dans dans la seconde partie de ce texte des éléments du psy Carl Gustav Jung avec l'archétype de l'ombre...

 D'où vient le joueur du Réal? Il est né à Bron en 1987 dans la banlieue Lyonnaise dans le quartier populaire de Terraillon. Karim Benzema est le sixième d’une fratrie de neuf enfants. Ses parents étant tous deux des enfants d’immigrés algériens, il est ce qu’on appelle (improprement) une “troisième génération”. Il connaît très peu l’Algérie, le village kabyle du grand-père, ne parle ni kabyle ni arabe. C’est avant tout un enfant de Bron-Terraillon, un quartier difficile de la banlieue lyonnaise, constituée de copropriétés dégradées et de logements sociaux, avec un fort taux de chômage, une délinquance juvénile endémique, une forte présence immigrée. Ses parents ont tout fait pour le protéger de la mauvaise influence du quartier : d’abord, en choisissant pour lui en sixième un collège privé du premier arrondissement de Lyon ; ensuite en obtenant de l’Olympique lyonnais une faveur rare, à savoir une chambre d’interne au centre de formation, situé à cinq minutes de son quartier de Bron. (Source Les Inrocks).

Il est devenu un joueur international très bien payé, mais sa socialisation à l'origine à forcément été marqué par son groupe de pairs de l'époque comme tous les enfants. On se souvient tous de nos potes, des parties de foot dans la cour de récréation.  Avec la célébrité Karim n'a pas tiré un trait sur ses souvenirs.  

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Dans la  période où je l'avais rencontré, il avait fait un déplacement le lendemain  dans l’école Jean-Moulin  de Terraillon. "J’ai fait mes gammes ici"... La visite surprise, dans cet établissement restera dans les mémoires des élèves qui ont pu échanger avec lui quelques paroles et quelques ballons.  Ce rendez vous organisé par la Fédération française était relayé par la municipalité de Bron et l’association «Les Gones de Moulins».....

 

 

Karim Benzema est sous la lumière des projecteurs de la célébrité, mais tous les petits gones du quartier de son époque n'ont pas suivit le même chemin. Certains ont connu l'ombre de la prison. Mais tous peuvent intérioriser durablement  la sous-culture juvénile de cité par l’affichage d’une “masculinité agressive” (Norbert Elias), une mise en scène du virilisme et du machisme, une opposition structurelle aux institutions (scolaire, policière, judiciaire).

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C'est le cas de son ami d'enfance Karim Zenati,dont le nom est cité dans l'affaire Valbuena.

Ainsi le Karim de la lumière et le Karim de l'ombre sont deux faces d'une même pièce. Au plus profond de l'ombre de son inconscient Benzema a mémorisé l'archétype du mauvais garçon que le sport lui a évité d'incarner. Dans la psychologie de Jung, l'Ombre joue un rôle capital. Elle représente tout ce que nous cachons aux autres et à nous-même pour ressembler à un modèle idéal. C'est en fait notre partie obscure, le pôle complémentaire, mais négatif, de notre complexe du Moi. Au cours de notre vie, cette zone ignorée reçoit le dépôt de plus en plus épais de nos actes passés, du refoulement de nos désirs illicites, de tout ce que nous avons entrepris et raté, dépôt alimentant notre culpabilité et notre amertume. Plus nous ignorons volontairement cette lie, plus elle devient noire et épaisse. Ce dépôt ne représente pas forcément le Mal en nous, mais plutôt tout ce qui est primitif, aveugle, inadapté. Il alimente notre peur.  

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Comment affronter cette inconnue si puissante? Nous nous rendrons vite compte qu'elle possède une énergie qui nous dépasse; la forcer nous fait risquer le pire. Il faut plutôt tenter de dialoguer avec elle. Sa réponse survient un jour, toute seule, évidente, d'une façon imprévisible. Nous devons ainsi dépasser le conflit, plutôt que le résoudre. C'est à ce prix que nous intégrerons notre Ombre, sans répercussion fâcheuse. Si nous refusons ce marché - et la tentation est grande -, l'Ombre régentera en secret notre existence et nous tendra des pièges... 

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Benzema est au sommet mais il ne laisse jamais tomber Zenati,c'est comme un frère. Pourtant  ce dernier en 2003, à peine majeur , tombe dans une affaire de braquages, commis dans des supérettes.

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La sanction tombe en 2006 pour Zenati : huit ans de prison. Aux assises, il fait forte impression au président d’audience. « On vient des quartiers où l’on n’a pas les mêmes repères. La violence, on est né dedans, dans les cités, à l’école. On n’a pas pris conscience qu’en faisant des braquages, c’était quelque chose de grave », déclare-t-il dans une confession choc, rapportée par Michel Girod dans Le Progrès. « Je pensais que ce gars était susceptible de s’en sortir, il voulait dire d’où il venait, ce n’était pas une excuse, c’était réfléchi », se souvient Hervé Guyenard, son avocat à l’époque. La cité plus forte que sa bonne volonté ? En novembre 2009, Karim Zenati est cette fois interpellé par l’antigang de Lyon, de retour d’Espagne à bord d’une Audi TT chargée de plus de deux cents kilos de cannabis. Un « go-fast » agité, avec fuite à tombeau ouvert sur l’autoroute A7, malgré des pneus crevés.

           D’origine tunisienne, il a un physique un peu antillais, d’où le surnom de « karla » ou « karlouche », « black » en argot des cités. Toujours fidèle malgré les ennuis, le joueur de foot devenu célèbre le visite en prison. Il favorise sa sortie en lui trouvant un emploi. L'Ombre a pour caractéristique la noirceur la plus absolue. Elle témoigne ainsi de son imperméabilité à la lumière, c'est-à-dire à la pleine conscience. Pour expliquer la très forte relation qui lie Benzema et Karim Zenati (qui a quatre ans de plus que lui), Frédéric Guerra insiste à juste titre sur la nature très particulière de ce type de relation d’amitié masculine dans ces quartiers : “C’est plus qu’une emprise affective. Il se passe entre eux deux ce qu’il se passe toujours dans ces quartiers : là-bas, en amitié, c’est ‘à la vie à la mort’. (…) Je le sais très bien, parce que j’ai grandi à Bron, à cent mètres de l’endroit où Karim a passé son enfance.”

Cette ombre mal gérée le rendra toujours suspect aux yeux de certains.....Benzema: "C'est de l'acharnement. On m'accuse, on me traine dans la boue, comme si j'etais un criminel"..Comme l'écrit Jérôme Latta des cahiers du football  "En réalité, Karim Benzema n'a jamais été vilipendé seulement pour ce qu'il fait, mais pour ce qu'il est – ou plutôt pour ce qu'il représente au yeux de ceux qui le vilipendent, et de qui il est le problème bien avant d'en être un en soi. À leurs yeux, l'affaire du chantage leur donne raison, alors qu'elle ne saurait légitimer a posteriori le procès qu'ils lui ont intenté depuis le début, essentiellement pour délit cumulé de faciès et de sale gueule. Jeune Arabe qui a réussi, footballeur parmi les mieux payés au monde, il refuse les relations de complaisance avec les médias et s'obstine à poser avec morgue devant ses voitures de luxe, fort peu soucieux de lisser son image et de donner des gages de civilité (ne serait-ce qu'en marmonnant la Marseillaise)."

Comme l'écrit Stéphane Beaud dans les Inrocks: Au fond, le cas Benzema opère comme un symptôme. A travers le soupçon sans cesse instillé que ces joueurs de cité ne peuvent pas appartenir au “Nous” national, n’ont pas à porter le maillot national et à représenter le pays, ne met-on pas aussi en doute, plus largement, la légitimité des jeunes issus de l’immigration postcoloniale à prendre place normalement dans la société française contemporaine. A ce titre, dans un pays plus que jamais tenté par le vote Front national, le football se révèle être bel et bien une affaire profondément politique.

 

23 décembre 2015

Coach Courbis est fatigué

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Après 24 mois à Montpellier Coach Courbis quitte le club lors de cette trève hivernale.

   "Je ne me sens pas d'attaque, j'arrête." Après plusieurs jours de réflexion, Rolland Courbis, l'entraîneur du Montpellier Hérault, a confirmé ce mercredi à Laurent Nicollin, le président délégué du club, qu'il ne terminerait pas la saison à la tête de l'équipe professionnelle, actuellement 15e de Ligue 1.

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Dimanche, Courbis sera bien présent à Grammont pour la reprise de l'entraînement, mais se contentera de saluer ses joueurs et de récupérer quelques affaires. "J'en profiterai également pour dresser une liste de choses à Laurent, qui me semble indispensables pour assurer un bel avenir à ce club qui restera dans mon coeur. Ensuite, je pars quinze jours en Italie pour me reposer et, au retour, je reprends mes activités à la radio. Mais comme j'ai toujours l'envie d'entraîner, je serai à l'écoute pour le futur."

 D’après ses proches, Courbis ne supporterait plus les dérapages et les critiques incessantes de Louis Nicollin, qui oublierait le travail effectué depuis son arrivé en 2013 mais également quand il avait quitté le club en 2009 après l’avoir fait monter dans l’élite avant de partir, déjà pour les même raisons qu’aujourd’hui. De plus, l’entraîneur héraultais aurait entendu parler d’un accord entre Nicollin et Michel Der Zakarian, l’actuel entraîneur de Nantes, en vue de la saison prochaine. Des échos qui agacent un peu plus Courbis, qui n’est plus soutenu par son président, comme lorsqu’il soulignait un secteur médical défaillant.

 

22 décembre 2015

Les robots ont-ils des droits?

lyon_confluences_037Vous connaissez Sonny, le robot du film "I robot" ? Je l'ai vu surgir de nul part, une photo avec lui s'imposait.

 imagesCATEUJHUEn 2035, les robots sont devenus de parfaits assistants pour les êtres humains et font partie de leur quotidien. Lorsque le brillant créateur de ces robots, le professeur Lanning, est retrouvé mort, l'inspecteur Spooner (Will Smith) est chargé de l'enquête. Or, d'après les Lois de la robotique, les robots ne sont pas dotés de la faculté de tuer... Dans cette course contre la montre, Spooner découvrira une terrible conspiration qui pourra faire basculer l'humanité.

 robot Il faut se souvenir qu'en 1950, le scientifique et écrivain de science-fiction Isaac Asimov élabore dans ses romans les trois lois de la robotique censées imposer aux robots une nature d’esclave afin d’une part de protéger les humains et d’autre part pour les obliger d’accomplir ce pour quoi ils ont été faits.

Première Loi

Un robot ne peut blesser un être humain ni, par son inaction, permettre qu'un humain soit blessé.

Deuxième Loi

Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi.

Troisième Loi

Un robot doit protéger sa propre existence aussi longtemps qu'une telle protection n'est pas en contradiction avec la Première et/ou la Deuxième Loi.

 imagesCAECQS78Nombre de robots sont entrés dans notre quotidien presque naturellement à l’exemple de la ligne D du métro lyonnais. Par ailleurs, la vente aux particuliers de robots nettoyeurs pour piscines, de surveillance ou d’aspirateurs domestiques ne cesse de croitre. Dans ce contexte, la robotique d’assistance est actuellement l’un des secteurs les plus investis avec de nombreuses recherches, une forte diversité des produits depuis les robots d’aide à la marche ou à la saisie, jusqu’au robot d’assistance véritable auxiliaire de vie en cours d’élaboration aujourd’hui. Dans ce contexte certains s'interrogent sur la nécessité d'un droit des robots.

 alainbensoussanEn France Alain Bensoussan aborde la nécessite de créer un droit des robots qui permette de prendre en compte cette mutation technologique face aux insuffisances du cadre juridique actuel. Certes, ce droit ne sera pas étranger aux règles classiques mais il sera suffisamment spécifique pour pouvoir identifier un corps de règles particulier au domaine de la robotique. La première pierre de ce droit spécifique sera un statut juridique adapté, c’est-à-dire une personnalité propre et singulière au robot résultant de ses interactions avec les humains. Alain Bensoussan, Planète Robots n° 22 Le droit des robots un droit en devenir, juillet 2013.

 Photo_on_11_9_11_at_3_30_PM Aux Etats-Unis la chercheuse Kate Darling à montré lors d'expériences que la maltraitance d'un robot pouvait provoquer un malaise chez les personnes présentes. Donc ces robots sont des objets, mais nous avons tendance à les voir comme s'ils étaient vivants, en projetant des émotions sur eux et en créant des liens affectifs avec eux. Kate Darling  pense que les projections que nous faisons sur les robots sociaux et les liens que nous créons avec eux pourraient nous amener à vouloirr leur donner une forme de protection juridique. Pas 'une sorte  droit à la vie, qu'on n'ait pas le droit de les éteindre, etc. Mais plutôt de quelque chose comme les lois qui protègent les animaux. A eux non plus, on n'accorde pas le droit à la vie, mais on a édicté des lois pour les protéger contre la maltraitance. Sans doute pas tant à cause de la douleur qu'ils peuvent ressentir qu'en raison de la réaction que leur douleur suscite chez nous. Il y a un processus d'identification. 

 ugobe_pleo_look_inside Lorsque Pleo est sorti, des gens ont mis en ligne des vidéos où ils le torturaient : ils testaient ses limites. Les réactions ont été extrêmes, les internautes étaient bouleversés, bien que - comme moi-même d'ailleurs - ils sachent très bien qu'il s'agit d'un robot.Voir cette chose se tordre de douleur provoque en nous des réactions qui vont bien au-delà de ce qu'il y a dans l'engin. D'où l'idée de donner aux robots des droits de "second ordre", dans le sens où ils ne leur sont pas vraiment inhérents. Ils existent plus pour notre bien et celui de la société. http://www.pleoworld.com/pleo_rb/eng/index.php   

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Bon et que dire pour R2D2 et C3PO?

22 décembre 2015

Revoir le film L.627 avec Didier Bezace

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Cela remonte à 25 ans pour Didier Bezace, mais le rôle de Lulu reste marquant dans sa carrière.

L.627 est l'article de loi qui réprime les infractions liées à la détention, au trafic ou à la consommation de stupéfiants. Or, cet article n'est guère appliqué au début des années 90. C'est ce qui ressort du quotidien de Lulu (Didier Bezace), inspecteur à la brigade des stups. Avec sa coéquipière, Marie (Charlotte Kady), ils traquent des dealers relâchés au bout de quelques jours. Le tout dans des conditions de travail très difficiles: locaux en préfabriqué, machines à écrire archaïques...

Bertrand Tavernier doit le réalisme extrême de l'oeuvre à son fils, Nils, comédien, confronté très jeune à des problèmes de drogue. Il a mis son père en relation avec Michel Alexandre. Cet inspecteur de police a nourri le scénario de personnages tous extrêmement justes et attachants, et emmené l'équipe du film avec la sienne lors des repérages dans les quartiers chauds de la capitale. 

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À la sortie du film, en 1992, les policiers applaudissent. Paul Quilès, ministre de l'Intérieur, voit rouge. Selon lui, L.627 livre une vision caricaturale de la vie dans un commissariat. «De nombreux professionnels confirment la véracité du scénario, précisait alors le réalisateur. Paul Quilès n'a qu'à aller visiter les préfabriqués qui servent de commissariat à 500 mètres de chez lui.»

Sur le site http://id.erudit.org/iderudit/50101ac le réalisateur expliquait:  

— Je voulais des gens neufs. Je voulais des gens qui ne sont pas inscrits dans le cadre du film policier et qui n'appartiennent pas au genre. Je voulais des gens qui puissent passer inaperçus dans la rue quand on tournait la caméra cachée. Il y a aussi un instinct qui vous dit que si vous faites La Vie et rien 'autre, le fait de prendre Philippe Noiret appartient déjà au scénario. Alors le choix de Philippe Noiret est une économie de scénariste. Ça vous permet de couper cinq ou six scènes. Par contre, dans un film comme L.627 le choix de Didier Bezace c'est aussi une exigence impérieuse, car il fait partie du projet. C'est également une exigence du style que d'avoir des acteurs qui sont neufs.  

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— . Pour moi, c'est excitant de filmer des visages nouveaux. C'est aussi se mettre en danger. C'est aussi prendre des risques en faisant débuter soixante-dix comédiens dont trente-cinq jouaient pour la première fois. Mais il fallait que j'aie un acteur principal auquel on croit autant à son anonymat qu'à sa façon de regarder les choses. Je trouvais cela dans Didier Bezace.  

—  J'ai rencontré beaucoup de policiers comme Lulu qui est inspiré lui-même de Michel Alexandre. Ce sont des policiers pleins de passion pour leur travail, qui pensent qu'ils ont un vrai boulot à faire et qui le prennent avec un sérieux moral. Ce sont des personnages que l'on rencontre partout dans une société. Ce sont des gens qui croient à un service public qu'ils essaient de faire honnêtement. Cela me touche. Parfois ce sont même des gens qui vont trop loin pour faire leur boulot. Alors ils se coupent, comme Philippe Noiret dans La Vie et rien d'autre. Donc, des gens qui deviennent obsédés par leur travail, par leur mission et qui risquent de se couper des gens qu'ils aiment, de leur famille, etc. C'est un thème que je trouve magnifique et qui m'est personnel parce que je m'identifie à eux. Quand je fais un film, je risque parfois de faire du mal à des gens qui vivent avec moi. parce que le film prend une place dévorante.  

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— Lulu n'est qu'un pion. Une phrase explique tout: «Tu sais, dans la police, le résultat ne compte pas.» Ce qui est pour moi une aberration. On ne se soucie pas d'avoir le meilleur élément à l'endroit où il faut. C'est une espèce de dictature administrative qui correspond quelquefois à des antipathies, à des règles stupides, à des décisions kafkaïennes et non à des sentiments logiques. Au début du film, Lulu est déplacé pour des raisons honteuses. 

— Je voulais montrer l'énorme différence entre des intentions politiques — tous les ministres de tous les pays concèdent que la drogue est le problème numéro un — et le résultat concret. Je voulais aussi réagir contre les films policiers à l'américaine et présenter un policier qui soit vraiment français, c'est-à-dire enraciné dans le contexte français. Je voulais renoncer aux clichés américains comme l'individualisme forcené et rejeter la tyrannie de l'intrigue. L.627 refuse les intrigues — non pas l'histoire — comme toute résolution. Il n'y a ni leçon, ni mode d'emploi. Le film pose des questions, mais ne conclut rien. Tout reste ouvert, y compris les relations personnelles des personnages. Il n'y a aucune fin dans aucune des relations personnelles des personnages. Je voulais cette fin ouverte qui questionne les spectateurs. C'est une manière de dire: maintenant c'est à vous de continuer le film, il vous appartient. Tout ce qui s'est passé après le film: bataille avec le ministre, les débats dans les salles, les diverses réactions, tout ça appartient au film.  

— Le film a été condamné par le ministre de l'Intérieur parce qu'il le trouvait caricatural et que c'était une honte de montrer ça. Ce qui prouvait qu'il ne connaissait pas la réalité. J'ai eu des centaines de lettres des flics de la rue. Ils disaient que le film restituait leur vie. Le représentant du plus gros syndicat des policiers en civil a dit à Europe I que L.627 est un film qui le dispense de faire son rapport moral annuel, parce que l'on a là tout ce que les policiers crient dans le silence et que les hommes politiques refusent d'entendre. Ce film montre tout le délabrement de leur travail, la disparition d'une approche morale des choses, le manque de moyens, le fait que les problèmes ne sont pas abordés avec une vue d'ensemble. Tout ça constitue une dérive de l'institution policière sur laquelle le pouvoir se décharge.

15 décembre 2015

Claude Bartolone l'homme du perchoir

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Dans la matinée du 15 décembre 2015, le groupe socialiste à l’Assemblée nationale a renouvelé, par acclamation, comme cela était prévu, sa confiance à Claude Bartolone, afin qu’il reste à la présidence de l’institution, malgré sa défaite lors des élections régionales en Ile-de-France.

Après avoir déclaré que « Claude Bartolone a été un très bon président de l’Assemblée nationale », Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a proposé aux élus de lui « redonner » leur « confiance ». Tous les socialistes se sont alors levés pour applaudir M. Bartolone, « ce qui dispense d’un vote formel », a expliqué une élue.

M. Bartolone avait été élu à ce poste en juin 2012. Il s’était mis « en congé de présidence » le temps de la campagne pour les régionales. Battu par Valérie Pécresse au second tour, il avait immédiatement annoncé qu’il remettrait son mandat entre les mains du groupe PS. « Cela dispense d’un vote formel », a résumé une élue.

Revenant sur ses propos controversés à l’endroit de sa rivale, selon lesquels elle défendrait « en creux », « Versailles, Neuilly et la race blanche », M. Bartolone a concédé devant les députés socialistes une formule « pas forcément calibrée ».

Le Président de l’Assemblée nationale joue un rôle essentiel dans la vie politique française, du fait de sa place au sein des institutions de la République et de sa contribution essentielle au bon fonctionnement de l’Assemblée. Son rôle a été approfondi par la loi constitutionnelle du 23 juillet 2008 et la modification du Règlement qui en a découlé.

Cela explique que l’Assemblée nationale ait été, sous la Vème République comme sous les Républiques précédentes, présidée par des personnalités politiques de premier plan. Depuis 1958, se sont succédé Jacques Chaban-Delmas (1958-1969, 1978-1981 et 1986-1988), Achille Peretti (1969-1973), Edgar Faure (1973-1978), Louis Mermaz (1981-1986), Laurent Fabius (1988-1992 et 1997-2000), Henri Emmanuelli (1992-1993), Philippe Séguin (1993-1997), Raymond Forni (2000 2002), Jean-Louis Debré (2002-mars 2007), Patrick Ollier (mars-juin 2007), Bernard Accoyer (2007-2012) et Claude Bartolone (à partir du 26 juin 2012).

Lors de sa première séance, l’Assemblée nouvellement élue, présidée par son doyen d’âge, élit son Président. Cette élection, acquise pour toute la durée de la législature, a lieu au scrutin secret à la tribune. Si la majorité absolue des suffrages exprimés n’a pas été obtenue aux deux premiers tours de scrutin, au troisième tour, la majorité relative suffit et, en cas d’égalité de suffrages, le plus âgé est élu.

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12 décembre 2015

Ella et Pitr Baiser d'encre et le Poulpe.

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En 2007 ils se sont croisés au hasard d’une rue alors qu’ils collaient des affiches chacun de leur côté… Depuis, ils ne se sont plus quittés ! Ces deux artistes de Saint Etienne travaillent, dessinent et affichent ensemble des personnages singuliers, hauts en couleurs, « une famille de témoins silencieux et éphémères en milieu urbain » qui ne laissent pas indifférents…

Samedi 12 décembre Ella et Pitr étaient en dédicaces pour leur dernier livre Baiser d'encre. Il y avait foule  à la librairie Croquelinottes de Saint Etienne..Il est évident que Baiser d'encre ne pouvait pas échapper à un Poulpe. 

Ils nous plongent dans un journal intime illustré..Les dessins représentent la vie qui avance trop vite. La vie qu'on dessine pour pouvoir revenir en arrière si on a oublié quelque chose dans le passé. 

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En plus j'ai eu droit à un joli clin d'oeil dans la dédicace, qui évoque les fameux selfies que j'ai pu faire dans le cadre de ce blog la Stratégie du Poulpe.

 

 

 

 

 

Enfin une petite blague de Pitr qui fait la grimace, pour saborder la photo de façon trés potache...pendant ce temps Ella reste très concentrée!

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12 décembre 2015

Eysseric formé sous le rocher

 Eysseric n'est plus à l'ASSE il est de retour à Nice...Esseryc

Formé à Monaco, Eysseric, 23 ans, avait signé à Nice en 2012 où il a évolué trois saisons. Mais Claude Puel le bridait sur la fin. Un prêt dans le Forez lui avait permis de rebondir..

 

Valentin est né à Aix-en-Provence, où il a commencé le foot à 4 ans... Mais il va intégrer le centre de formation de Monaco, avec lequel il a gagné la Gambardella 2011.

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"Ce sont les meilleurs moments de notre formation. Avec les joueurs de l'équipe (Laywin Kurzawa, Nampalys Mendy, Dominique Pandor...), on garde des liens assez forts, on continue de s'appeler régulièrement, on est amis. Des éducateurs, je me souviens de Didier Christophe, qui nous a fait énormément progresser. Après, je peux aussi citer François Ciccolini, avec qui on a gagné la Gambardella. La personne qui m'a suivi depuis mes onze ans et m'a recruté, c'est René Riefa, tout est parti de lui pour ma carrière." "J'avais l'habitude de jouer sur ma technique en amateur, cela suffisait. Quand je suis arrivé au centre, j'ai dû travailler, car je n'avais pas de muscles, un corps d'enfant par rapport à certains déjà formés. Le foot, c'était ma passion, je jouais dans la rue, c'était un plaisir. J'ai pris conscience qu'il fallait travailler pour en faire mon métier, mais j'avais du mal à réaliser que j'étais en formation à Monaco, c'était un rêve de gosse."

9 décembre 2015

Michel TERESTCHENKO soyons altruiste !

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Une barbe de mousquetaire, un élégance flegmatique, on pourrait dire de Michel Terestchenko qu’Il n’y a point d’enfer dans le feu de sa forge, ni de fange dans l’eau de son moulin. Il prône la Bienveillance comme vertu humaine. Il note, combien le « dogme » de l’égoïsme entre en contradiction avec les conduites effectives de tas de bénévoles, donateurs anonymes etc.,

Dans Un si fragile vernis d'humanité, banalité du bien, banalité du mal Michel Tereschenko s'interroge, entre autres choses, sur la capacité qu'ont les hommes à se soumettre ou bien au contraire à se rebeller face à des ordres absurdes.

Ses analyses portent sur des situations critiques comme celle de la seconde guerre mondiale, ou encore comme l'expérience de Milgram. Pourquoi certains, sans être des sadiques et bien conscients des normes morales, acceptent-ils de torturer, de tuer lorsqu'un pouvoir le leur demande tandis que d'autres se rebellent face à de telles absurdités?

 

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Et Michel Terestchenko de revenir sur l’expérience de Stanley Milgram, par ailleurs relatée dans le film" I comme Icare". L’expérience, menée dans les années 70 aux Etats-Unis, faisait appel à des citoyens ordinaires. Ceux-ci acceptaient de contribuer au succès d’une expérience scientifique stipulant que la punition favorisait la capacité d’apprentissage. Ces anonymes faisaient passer des tests de mémoire à d’autres cobayes, attachés à une chaise électrifiée, et situés derrière une vitre. L’opération était encadré par des chercheurs en blouse blanche. A chaque mauvaise réponse, l’examinateur devait infliger au cobaye une décharge électrique, dont l’intensité devait être augmentée au fur et à mesure. En réalité, les rôles étaient inversés : les chercheurs étaient des acteurs, tout comme les victimes de choc électriques, qui, elles, mimaient la douleur. Les vrais cobayes étaient en fait les volontaires. Les résultats furent effarants. Selon les procédures choisies, entre 10 et 90 % des cobayes acceptèrent d’électrocuter leur semblable, par des chocs électriques s’étalant de 15 à 450 volts.

La psychologie des individus n’est pas à mettre en cause : la grande majorité n’obéissent pas par sadisme, mais simplement par esprit de soumission. Le facteur décisif c’est la présence d’une personne qui "fasse autorité" et qui détienne cette autorité : ici, les pseudos-chercheurs en blouses blanches. "On sait pourquoi les tiers obéissent à des ordres criminels. Par contre, on ne sait toujours pas pourquoi un tiers refuse." conclue Michel Terestchenko.

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"De façon presque constante, les témoignages de l'enquête Oliner font état de l'affection qui liaient les sauveteurs à leurs parents et la nature de l'éducation non répressive et non autoritaire qu'ils avaient reçue, permettant ainsi l'émergence d'une personnalité libre et autonome, capable de faire des choix qui ne sont dictés ni par les normes sociales en vigueur ni par le besoin d'obtenir l'approbation d'autrui, capable également d'agir avec endurance et courage sans voir dans l'éventualité de l'échec (voire de sa propre mort) un obstacle dirimant." (Deux universitaires américains, Samuel et Pearl Oliner (The Altruistic Personality, 1992), ont enquêté de façon rigoureuse en interrogeant plus de 400 Justes, qui avaient sauvé des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Il était ressorti de cette enquête que toutes ces personnes avaient en commun le fait d'avoir reçu une éducation respectueuse, affectueuse, non autoritaire et non répressive)
Cette phrase extraite du livre de Michel Tereschenko nous a beaucoup donné à penser. Il semble que la "présence à soi" caractéristique des personnalités altruistes soit en partie liée à une éducation non autoritaire (ce qui ne signifie pas laxiste).
Tereschenko souligne aussi qu'une éducation fondée à l'inverse sur la sanction et la peur de la punition contribue à former des individus obéissants et vivant dans la crainte de déplaire au maître. La présence à soi est un sentiment absolument individuel et qui est composé tout à la fois de force de caractère, de sentiment de la justice et d’esprit de résistance, peut hisser l’individu à cette posture qui est respect de l’humanité en soi....


Le système scolaire en vigueur aujourd'hui en France aide-t-il ou au contraire empêche-t-il la formation de personnalités altruistes?

Dans quelle mesure la scolarité, la vie à l'école, au collège ou au lycée peut-elle favoriser la formation de personnes altruistes, confiantes en elles et non habitées par la peur? Comment envisager dans ce cas le rapport à l'étude, le rapport au savoir, le rapport au maître, à l'évaluation? Comment concevoir le rapport des élèves entre eux pour que la solidarité, la coopération et la démocratie ne soient pas de vains mots mais correspondent en effet à des pratiques?
Voici les questions auxquelles en tant que professeurs et éducateurs il nous incombe de refléchir. 

7 décembre 2015

"Le vote FN ? Un vote nihiliste" Jean-François Kahn

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Il y a plusieurs façons de lire les résultats du premier tour des élections régionales de dimanche, qui placent Les Républicains et centre (27,9% des voix, en tête dans quatre régions) et le FN (27,88%, mais en tête dans six régions) au coude-à-coude au niveau national. Le Parti socialiste et alliés réunissant, 25,28%.

 

"Il y a six ans, je vous aurais dit le Front national va faire 30%, vous m'auriez ri au nez", remarque Jean-François Kahn, invité ce lundi 7 décembre sur RMC pour apporter son analyse des résultats de ce scrutin. Pour l'éditorialiste, auteur de Marine Le Pen vous dit MERCI ! (éd. Plon), le vote Front National n'est plus aujourd'hui "un vote révolutionnaire", mais "un vote nihiliste et une sécession par rapport aux élites".

"Le pire, et il faut en tirer les conséquences, c'est que cette fois tous les représentants des élites avaient appelé à voter contre le FN: la presse, , tous les syndicats, le Medef, les artistes, les institutions et les intellectuels…Er qu'ont répondu les électeurs "on s'en fout. Ça ne peut pas être pire et ceux-là on ne les a pas essayés."

Cette rupture signalée par Kahn est sans doute liée au niveau de diplôme...Dans le schéma ci-dessous on voit que moins on est diplômé plus la part de vote FN est élevée:

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6 décembre 2015

Sylvain Armand de retour dans le chaudron

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Cette fois c'est dans la défense de Rennes qu'on va le retrouver face à l'ASSE..

À chaque fois qu'il affronte les Verts, son cœur se serre un peu : il se revoit, gamin, arpenter le stade Geoffroy-Guichard, à Saint-Étienne, ramasseur de balles, la tête en vert, avec la saine ambition de se faire une place dans l'équipe des grands.  Stéphanois (né le 1 août 1980 à Saint-Étienne) , il aura gravi tous les échelons avant d'intégrer le centre de formation. Puis on lui signifia qu'il n'avait pas le niveau... Son rêve se brisa. Il dut aller jouer avec l'Étrat, puis à Clermont, en National.

Professionnel, il le devint avec Nantes, gagna ses premiers titres - champion de France en 2001 -, et sur la côte Atlantique, se nourrit d'une vraie passion pour la mer, la pêche, le jet-ski, la vitesse. Vint l'aventure parisienne. Il signa au PSG au printemps 2004.  

5 décembre 2015

Myriam El Khomri ,envoyée au casse-pipe?

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 Quand nous avions fait cette photo sous le soleil estival l'ambiance était sereine...Nous étions loin d'imaginer ce qui allait advenir..Cette fille un peu à part n’est ni dogmatique, ni idéologue, ni perchée sur le nuage de ses ambitions. Pas une tueuse, pas une roublarde, elle est sincère...

Elle était encore au ministère de la ville. En acceptant le ministère du travail et la réforme du code du travail, elle se trouve selon moi dans une position intenable. Le chef de l'éxécutif l'a envoyée au casse-pipe. Et ce n'est pas nouveau pour cette bonne élève au lycée, déléguée de sa classe sans avoir eu à se présenter. «Ça m’arrive souvent, on m’appelle sans que je le demande, je ne sais pas d’où ça me vient»

 

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"Après le bac, tous mes copains savaient ce qu'ils voulaient faire, moi pas. Je cherchais un domaine assez prestigieux aux yeux de mes parents, et qui ne me rebutât pas. Finalement, j'ai opté pour la fac de droit à Bordeaux. Immédiatement, j'ai pris en grippe le droit civil – ces rapports entre particuliers, ces histoires de sous, je trouvais ça un peu petit... –, mais j'adorais le droit constitutionnel et le droit public. Je trouvais que ça avait du sens, que c'était applicable à la vie quotidienne. J'ai pris aussi pleinement conscience de l'importance de l'État, des services publics."

 

 

 

Dans cette situation avec la loi travail il lui est impossible de prendre vraiment pour référence la conviction ou la responsabilité...

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Il faut relire Max Weber pour mieux comprendre :

Nous en arrivons ainsi au problème décisif. Il est indispensable que nous nous rendions clairement compte du fait suivant : toute activité orientée selon l’éthique peut être subordonnée à deux maximes totalement différentes et irréductiblement opposées. Elle peut s’orienter selon l’éthique de la responsabilité [verantwortungsethisch] ou selon l’éthique de la conviction [gesinnungsethisch]. Cela ne veut pas dire que l’éthique de conviction est identique à l’absence de responsabilité et l’éthique de responsabilité à l’absence de conviction. Il n’en est évidemment pas question. Toutefois il y a une opposition abyssale entre l’attitude de celui qui agit selon les maximes de l’éthique de conviction - dans un langage religieux nous dirions : « Le chrétien fait son devoir et en ce qui concerne le résultat de l’action il s’en remet à Dieu » -, et l’attitude de celui qui agit selon l’éthique de responsabilité qui dit : « Nous devons répondre des conséquences prévisibles de nos actes. » Vous perdrez votre temps à exposer, de la façon la plus persuasive possible, à un syndicaliste convaincu de la vérité de l’éthique de conviction, que son action n’aura d’autre effet que celui d’accroître les chances de la réaction, de retarder l’ascension de sa classe et de l’asservir davantage, il ne vous croira pas. Lorsque les conséquences d’un acte fait par pure conviction sont fâcheuses, le partisan de cette éthique n’attribuera pas la responsabilité à l’agent, mais au monde, à la sottise des hommes ou encore à la volonté de Dieu qui a créé les hommes ainsi. Au contraire le partisan de l’éthique de responsabilité comptera justement avec les défaillances communes de l’homme (car, comme le disait fort justement Fichte, on n’a pas le droit de présupposer la bonté et la perfection de l’homme) et il estimera ne pas pouvoir se décharger sur les autres des conséquences de sa propre action pour autant qu’il aura pu les prévoir. Il dira donc : « Ces conséquences sont imputables à ma propre action. » Le partisan de l’éthique de conviction ne se sentira « responsable » que de la nécessité de veiller sur la flamme de la pure doctrine afin qu’elle ne s’éteigne pas, par exemple sur la flamme qui anime la protestation contre l’injustice sociale. Ses actes qui ne peuvent et ne doivent avoir qu’une valeur exemplaire mais qui, considérés du point de vue du but éventuel, sont totalement irrationnels, ne peuvent avoir que cette seule fin : ranimer perpétuellement la flamme de sa conviction.
Mais cette analyse n’épuise pas encore le sujet. Il n’existe aucune éthique au monde qui puisse négliger ceci : pour atteindre des fins « bonnes », nous sommes la plupart du temps obligés de compter avec, d’une part des moyens moralement malhonnêtes ou pour le moins dangereux, et d’autre part la possibilité ou encore l’éventualité de conséquences fâcheuses. Aucune éthique au monde ne peut nous dire non plus à quel moment et dans quelle mesure une fin moralement bonne justifie les moyens et les conséquences moralement dangereuses.

Max WEBER, Le savant et le politique, Plon, 10/18, Paris 1995  

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