Alain Juppé, la politique et nous.
Les présidentielles ne sont plus très lointaines. A droite comme à gauche les candidats aux primaires se déplacent en province.
J'ai croisé Alain Juppé ce jeudi 30 juin sous le soleil à Saint-Etienne place Jean Jaurès....Le chouchou des sondages invité par son comité de soutien local est venu parler de ses idées pour la France.
Cette rencontre me permet de faire un post sur un sujet que j'ai évoqué en classe avec les élèves de 1ES en fin d'année. En France, on distingue deux types de parcours politiques: les parcours typiques et atypiques. Concernant les parcours typiques, un certain nombre d'écoles plus ou moins prestigieuses, permettent d'accéder à la responsabilitée politique, comme l'ENA et science po... Ces études ne suffisent pas pour les parcours typiques. Il faut également s'inscrire dans un parti politique et acquérir de l'expérience à travers différents mandats..
Moi qui enseigne les Sciences Sociales au lycée, je remarque qu'il y a un sacré paradoxe en France. Les parents des lycéens sont souvent obsédés par le bac S et moins par le bac ES ou L. La matière qui fait peur à tout le monde ce sont les maths. Pourtant quand on regarde le parcours des élites politiques on voit qu ils ne sont pas le produit des études scientifiques.
Alain Juppé est né le 15 août, 1945 à Mont de Marsan, dans les Landes. Il est issu d'une famille agricole au penchant gaulliste. Malgré ses origines modestes, il bénéficie de cours particuliers et obtient une bourse pour faire des études à Paris. Très jeune, il se marie, fonde une famille et mène de front de brillantes études. Il intègre l'école de Normale Supérieure, fréquente Sciences po, passe l'agrégation de lettres classiques, sort cinquième de l'ENA en 1970 et choisit de s'orienter alors vers l'Inspection des Finances.
L'ENA est une école prestigieuse créée en 1945. C'est un établissement public à caractère administratif. Elle permet l'accès à la haute fonction publique de l'Etat. Elle forme de hauts fonctionnaires français et internationaux. En ce qui concerne son rôle vis à vis de la politique, elle est une des écoles qui a accueilli un certain nombre de grands hommes politiques. En effet, trois des présidents de la cinquième république sont diplômés de L'ENA: Jacques chirac, Valéry Giscard d'Estaing et François Hollande.
C'est bien l'idée que je veux faire passer en conseil de classe mais suis-je entendu? J'ai remarqué qu'on nous fait croire que certains élèves ayant de bonnes moyennes en math et physiques (donc de futurs S) sont les "bons élèves". Pourtant je note qu'en seconde lors du cours de SES ou d'Education Morale certains n'ont pas grand chose à dire. Ils n'ont aucune vision sur les enjeux de société. Ainsi au lycée la sélection ne se fait pas sur la maturité sur les questions de société ou la dialectique (on ne valorise pas beaucoup la philo au bac) mais plutôt sur une capacité à recracher des cours et des procédures rationnelles. Pourtant comme je l'ai évoqué ci-dessus cela ne correspond pas du tout au portrait des diplomés de l'élite politique française.
Pour conclure, il me semble que le collège et le lycée ne développe pas un appétit citoyen, un intéret pour la chose publique. Ce ne sont que certaines filières du supérieur et le bac ES qui s'en chargent. Au collège et au lycée pour canaliser les énergies enfantines on développe une stratégie de la peur par la moyenne. L'objectif c'est la bonne note et peu importe le fond. On apprend pour la note mais c'est complètement déconnecté de l'idée que le savoir à une utilité au quotidien.
La preuve regardez les courbes ci-dessous: nous avons de plus en plus de bacheliers et pourtant le % de l'abstention augmente aussi. Il y a donc bien un déficit d'appprentissage citoyen à l'école, mais c'est logique car il demande une forme de maturité que ne demande pas les mathématiques par exemple...On peut avoir une bonne moyenne en maths mais ne rien savoir sur le clivage gauche droite. On peut trouver la dérivée de la fonction sans connaitre le nom du ministre de l'économie.
On impose au lycéens de 1ES une épreuve de sciences au bac par contre pas d'épreuve de SES pour les bacheliers S.
En plus cela veut dire que l'élite politique va être en décalage avec la majorité de la population à laquelle elle parle. Les énarques seront souvent vus comme des cranes d'oeuf ennuyeux et décalés avec les sujets de conversations de la majorité de la population. C'est logique puisque nous avons vu ci-dessus que le collège et le lycée ne familiarisent pas les plus jeunes avec ce type de discours.