Ceci n'est pas une arme dirait Magritte
Attention je précise au lecteur que ce post porte sur l'esthétique de l'évènement, il n'a pas pour objectif de valoriser ou de critiquer l'aspect politique du sujet...
En voyant passer certaines photos des manifestants de ce week-end à Saint-Etienne j'ai repensé au célèbre tableau de Magritte "ceci n'est pas une pipe". (rappel:Le collectif Désarmons la police organisait ce week-end un ensemble d’événements visant selon lui à lutter contre l’armement policier et la militarisation des conflits.)
(Photos FaceBook reportage Yoel Bardy)
Pour expliquer « Ceci n'est pas une pipe », son tableau le plus connu, le peintre a d'abord donné une explication de bon sens, qu'il avait robuste, pour séparer l'objet et sa représentation : « Qui pourrait fumer la pipe de mon tableau ? Personne. Alors ce n'est pas une pipe. » Magritte (1898-1967) a passé son temps à créer le trouble.
Il s’est appliqué à dénoncer les illusions de la peinture et les conventions du langage : les images nous leurrent et les mots abusent de notre crédulité. C'est cela que veut montrer René : que les images et les choses, ce n'est pas la même chose. Et même pour aller plus vite, ce n'est pas la même chose que les mots non plus.
Résultat, une représentation, une image, on peut lui faire faire ce qu'on veut. Et c'est comme ça que l'on se retrouve avec des montres qui fondent, des objets qui volent... et une pipe qui n'en est pas une !
C'est la même chose quand vous regardez un film, vous savez que l'histoire n'est pas vraie, mais vous acceptez d'y croire. Quand vous allez au théâtre, ce qui se joue sur scène n'est pas vrai, pas plus que l'action d'un bon roman ! Et pourtant à chaque fois, il y a une sorte d'accord tacite entre l'artiste et le lecteur ou le spectateur, qui accepte de se faire tromper.
Que dire des photos publiées à la une des journaux avec des titres accrocheurs? Elles donnent un peu l'impression d'orienter notre vision. Par exemple celle du journal local: "Ils n'ont pas désarmé" (face à l'interdiction du Préfet) associée sous la photo à une liste de dégradations...
Si on reprend la logique de Magritte expliquée au début du texte "ceci n'est pas une arme" car qui pourrait tirer avec l'arme géante sur la photo? C'est bien là l'erreur stratégique des manifestants, gérant mal le lien entre le signifiant et le signifié avec le feu d'une arme à feu qui n'en est pas une, personne ne peut croire à leur capacité à désarmer le monde et à le pacifier par contre dans l'inconscient collectif il restera plutôt l'idée de violence urbaine diffusée dans les articles de presse et les réseaux sociaux. Donc effectivement ils n'ont pas désarmé si l'on prend la formulation dans ce sens, c'est à dire qu'après tout cela les armes seront encore toujours massivement vendues dans le monde...
Et au contraire comme sur la photo leur arme géante semble se retourner contre eux en étant reprise en photo à la une des médias pour illustrer les dégradations. C'est un effet boomerang.....(Photo site de L'EXPRESS)http://www.lexpress.fr/actualite/societe/en-images-a-saint-etienne-degradations-lors-d-une-manifestation-anti-police_1843622.html
Donc ce simulacre est fermé sur lui même, il n'a aucun poids politique sur la vente d'armes en France et dans le monde. On reste dans le monde de l'image...
C'est un rituel qui renforce simplement la conscience collective des militants présents mais ne peut pas convaincre la population, le sociologue Durkheim parlerait d'un lien mécanique: les individus sont liés par des liens de similitude, ils ont les mêmes croyances, les mêmes valeurs, les mêmes modes de pensée et de comportements.