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Blog-Serge-FREYDIER
26 octobre 2016

Douglas Kennedy, Le Poulpe et New York

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Invité prestige de la fête du livre, Douglas Kennedy me donne l'occasion d'évoquer New York. C'est curieux je suis stéphanois, mais cette ville fait partie de mon inconscient. Sans doute à cause d'une multitude de films qui l'utilisent comme décor.

Le romancier est né le 1er janvier 1955 au cœur de la cité, à Manhattan, Douglas Kennedy passe sa petite enfance dans l’Upper West Side. Il habite maintenant sur la cinquième avenue à un bloc de l'Empire State Building.

« Ce qui m'intéresse en tant que romancier, c'est d'utiliser les villes comme des personnages et d'y découvrir les frontières visibles ou invisibles qui les traversent. »  

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J'y étais pendant l'été 2012...On ne peut pas oublier New York, si vous y allez un jour vous ressentirer forcément l'énergie de la ville. Un petit bonjour à la statue de la liberté! Et qui ne connait pas le fameux pont de Broklyn?

  Je ne pensais pas qu'un jour mon nom se retrouverait inscrit dessus depuis le mois de septembre...

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Extrait :

(page 25)
C'est Noël à New York et je suis dans un train qui se traîne vers le nord le long de l'Hudson, en route pour rendre visite à un ancien ami de faculté qui se fait huit cent cinquante mille dollars par an. Ben a trente-cinq ans comme moi, c'est un sous-produit de la classe moyenne américaine comme moi, il est marié comme moi, mais lui a des enfants, quatre pour être exact. Contrairement à moi, aussi, il a passé les quatorze dernières années de son existence à Wall Street et il gagne beaucoup d'argent. Vraiment beaucoup.
Je ne l'ai pas revu depuis 1976, et il y a une raison très simple à cela : à l'exception de rapides allers-retours à New York, je ne suis pas souvent retourné aux États-Unis, ces quatorze dernières années. Grâce à la poignée d'anciens camarades d'université qui habitent la même île brumeuse que moi, j'ai cependant été tenu informé de l'irrésistible ascension sur la place financière new-yorkaise qui a fait de lui l'un des traders les plus en vue à Wall Street aujourd'hui. On m'a dit qu'il s'y entend comme personne pour négocier les obligations, sans parler de sa capacité à rester fermement campé sur l'escalator professionnel qui ne cesse de monter. Je sais également qu'il a épousé une fille qui était avec nous sur les bancs de la fac, Sally, laquelle a travaillé un temps dans l'édition avant de s'engager sur la voie post-féministe des grossesses en série et de la vie de banlieue.

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Aucune de ces données concernant la trajectoire de Ben ne m'a surpris, lorsqu'elles m'ont été communiquées. Le trait de caractère qui m'avait le plus marqué chez lui était son assurance, la certitude avec laquelle il envisageait son avenir. Non qu'il ait jamais exprimé l'ambition de se faire une place à Wall Street ; au contraire, fidèle à l'esprit du début des années 1970, il voulait que l'on garde pour soi son «plan de vie», même si je ne pense pas qu'il en ait eu un très défini. Il avait en revanche une certaine fermeté d'esprit, une caractéristique très appréciée dans la société américaine. Il était intelligent, raisonnable, cultivé sans jamais faire étalage de son savoir. Ambitieux, il savait que «jouer pour gagner» était un impératif incontournable de notre culture tout en étant assez malin pour comprendre que ses aspirations devaient toujours rester dissimulées sous le masque d'une bonhomie à toute épreuve. Il avait à peine dépassé les vingt ans qu'il manifestait déjà ce mélange de gravité patriarcale et de populisme facile que cultive tout sénateur américain, parce qu'il sait que cela inspire confiance à ses électeurs. Instinctivement, il avait aussi compris que, au sein d'une culture souvent taxée d'artificielle, une certaine authenticité patricienne était considérée comme une vertu. Mais il n'avait pas à faire beaucoup d'efforts pour parvenir à ce but : il était sans additifs et chez lui l'emballage correspondait rigoureusement au contenu

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