Marek Halter Où serions nous sans Eve?
Il a un physique impressionnant, pourtant il est très disponible avec les lecteurs.
Depuis plus de dix ans, Marek Halter explore la place des grandes figures féminines des trois religions monothéistes. Après Marie, mère de Jésus, Sarah, femme d'Abraham ou Fatima, fille de Mahomet, l'écrivain consacre son nouveau roman à Eve, la mère de l'humanité.
L'ambition de Marek Halter est claire : il souhaite laver l'honneur de cette femme, considérée comme la première pécheresse de l'humanité, "par qui le scandale et le malheur arrivent".
Marek Halter souhaite donner de son héroïne une image de "révolutionnaire", foncièrement moderne car Eve est une femme motivée par la curiosité, le désir de connaissance. Et c'est justement cette soif de savoir qu'elle a payé selon l'auteur. Sans Eve, on n'est rien. Nous restons des bêtes dans les champs, des êtres sans savoir, sans désir d'ouverture, sans liberté. Tandis que l'homme dort en son jardin, Eve est à l'origine de notre libre arbitre. Si on avait suivi Adam, on serait encore en train de dormir dans nos sillons...
Pourtant, Adam aussi a goûté au fruit défendu, mais il rejette toute la responsabilité sur Eve. "Les hommes sont un peu lâches", ironise l'écrivain. Pour lui, la misogynie, qu'il considère comme une maladie, est bâtie sur cette légende-là. Eve n'est donc qu'un bouc émissaire car les hommes ont besoin de trouver une raison à leurs malheurs : "le mal vient de la femme". "Les femmes ont cette supériorité sur les hommes : la connaissance de la vie"
Avec cette entreprise de réhabilitation de la première femme, Marek Halter signe une fois encore un roman très féministe.
"Eve" de Marek Halter
Editions Robert Laffont