Fête du livre: acheter ou ne pas acheter?
Cette sympathique rencontre avec Claude Serillon m'invite à une courte réflexion.
Les allées d'un salon du livre sont un curieux mélange d'auteurs à succès entourés d'une nuée de promeneurs, de fans et de curieux, venus pour une dédicace et/ou un selfie, et d'inconnus esseulés avec leur pile de livres.
Ce n'est pas toujours évident d'aller devant un auteur. Ils ne sont pas des vendeurs dans l’âme, mais des personnes qui ont une histoire à nous raconter. Laissez-les vous en parler, ils ne vous obligeront pas à acheter leur livre, ils savent bien que les visiteurs ne peuvent pas acheter un livre à chaque exposant.
Mais cela leur fait toujours plaisir de parler de ce qu’ils ont écrit et d’avoir un échange avec les visiteurs et puis s’ils sont là c’est parce qu’ils le veulent bien. Attention toutefois, si les auteurs sont des experts de l’écrit, ils ne sont pas toujours très à l’aise à l’oral. Ce qui peut vous paraître comme de la brusquerie n’est parfois que de la timidité…
Dans un article, notre quotidien local écrit sur les ventes à la fête du livre de Saint-Etienne: « Pour nous, c’est moins de 1 % de notre chiffre d’affaires annuel, qui est de 4,6 millions d’euros », confient Alexandra Charroin-Spangenberg et Rémi Boute, cogérants de la librairie de Paris. Cependant, ils assurent que « c’est du bonheur. C’est une fête populaire, qui démocratise le livre, et c’est exactement le sens de notre métier »
Chez Forum, Maria Defour et Gérald Escudero confirment eux aussi que la Fête du livre ne représente qu’une goutte d’eau dans leur activité. Sur les quatre dernières éditions, la librairie a réalisé un chiffre d’affaires moyen de 32 300 euros HT. C’est 2 % du chiffre d’affaires annuel du rayon livres (qui s’élève à environ 1,6 million d’euros TTC) et 1,3 % du chiffre d’affaires global du magasin.
Cela n’empêche pas les patrons de Forum de prendre eux aussi « du plaisir » à participer à cet événement : « Ça nous permet d’échanger avec des lecteurs et d’élargir notre réseau en rencontrant des auteurs, des éditeurs… »
Maria Defour croit savoir que l’événement est un peu plus intéressant, d’un point de vue financier, pour les « petites » librairies: « Pour elles, ça représente peut-être autour de 10 % de leur chiffre d’affaires annuel. »
Enfin, pour les deux bédéistes de la ville, L’Étrange rendez-vous et Des bulles et des hommes, c’est respectivement autour de 10 et 3 %.