Francis Renaud la fureur de vivre
Comme beaucoup d'entre nous Francis Renaud plonge durant son adolescence dans le monde du cinéma. Comme lui j'ai été fasciné par exemple par James Dean et Marlon Brando. mais il va plus loin que l'identification, il veut entrer dans l'écran pour incarner des personnages. Quand je l'ai rencontré dans la région de Saint-Etienne c'était donc le chemin inverse, il sortait de l'écran pour revenir dans le quotidien.
Né à Thionville, en Lorraine, dans une famille modeste, il va à Paris avec l'envie de travailler dans le cinéma. C'est le seul moyen d'échapper à une destinée sociale.
En attendant de décrocher des rôles, entre un casting et une petite figuration, il fréquente assidûment les salles obscures et survit en effectuant des petits boulots. Avant de recevoir le prix Michel-Simon pour Pigalle de Karim Dridi (1994), il s'est rendu si souvent à l'ANPE du spectacle, rue Blanche, qu'il pourrait y aller les yeux fermés. Francis Renaud n'entendait pas laisser passer sa chance, mais elle a mis du temps avant d'arriver.
Dans son livre La Rage au cœur, de Francis Renaud, aux Éditions Hugo et Cie le comédien fétiche d'Olivier Marchal dévoile tout ce qu'il a dû endurer pour obtenir des rôles. Mais aussi comment il en a perdu en voulant rester authentique. "Je n'ai pas beaucoup de potes dans ce métier, ils finissent tous par vous tourner le dos. Je ne cherche pas à leur ressembler, mais à me ressembler, à être vrai, juste, ce n'est pas gagné."
Avec le bouquin de Francis on comprend que si les films nous font rêver le mileu du cinéma semble être un véritable panier de crabes et de drames personnels. Les personnages, les héros ou héroines des films sont souvent plus estimables que les êtres humains qui les incarnent. Par exemple en 95 je me souviens avoir été marqué par Vinz le personnage de Vincent Cassel dans La Haine. Hors Francis nous révèle que dans la réalité c'est un vrai connard....
Castings bidons, abus de pouvoir, tricherie, hypocrisie et arrogance font bon mariage dans ce milieu. Mais, il y a aussi des gens extraordinaires, des rencontres de rêves, des instants magiques, de l’émotion…
A la lumière de tout cela on peut se demander si cette industrie du rêve qu'est le cinéma n'a pas un fondement très névrotique. Vouloir entrer dans l'écran semble très dangereux, on risque de s'y bruler les ailes. "On vous donne tout sur un tournage, vous êtes le roi pendant quelques jours d'une histoire où tout est permis."