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Blog-Serge-FREYDIER
21 octobre 2019

Joseph Ponthus: A la ligne

joseph_ponthus

Dans le cadre de notre blog nous avons pris dans nos tentacules: Joseph Ponthus , un grand gaillard auteur du roman A la ligne.
Il raconte l'histoire d'un narrateur lettré devenu ouvrier intérimaire qui doit embaucher dans les usines de poissons et les abattoirs de Bretagne.


Joseph Ponthus est né en 1978. Après des études de littérature à Reims et de travail social à Nancy, il a exercé plus de dix ans comme éducateur spécialisé en banlieue parisienne où il a notamment dirigé et publié Nous. La Cité (Éditions Zones, 2012). Il vit et travaille désormais en Bretagne. Il a épousé une femme de la région. Ils vivent dans une maison non loin de la mer. Le jardin est plein d’hortensias. Il faut bien gagner un peu d’argent pour entretenir l’amour.


Joseph Ponthus va donc être intérimaire dans l’agro-alimentaire. Il ne part pas pour faire un reportage ni pour faire la révolution. C’est une période de transition. En attendant un vrai travail, se dit-il. Mais le travail à l’usine n’en est pas un faux. Certes pas. C’est même très dur. Cependant, il faut occuper la place qui est celle du moment. Avec dignité. En gardant dans la tête les noms, les mots, les chants qui font tenir debout.


«J’écris comme je pense sur ma ligne de production divaguant dans mes pensées seul déterminé/ J’écris comme je travaille/ A la chaîne/ A la ligne.» Aucune virgule, et une majuscule à chaque phrase, à chaque ligne ou presque. Des feuillets arrachés à l’épuisement, pris sur la vie quotidienne.
L'usine serait ma Méditerranée sur laquelle je trace les routes périlleuses de mon dyssée
Les crevettes mes sirènes
Les bulots mes cyclopes
La panne du tapis une simple tempête de plus
Il faut que la production continue
Rêvant d'Ithaque
Nonobstant la merde

A l'agence d'intérim on me demande quand je peux commencer.
Je sors ma vanne habituelle littéraire et convenue
"Eh bien demain dès l'aube à l'heure où blanchit la campagne"
Pris au mot j'embauche le lendemain à six heures du matin.


Si A la ligne s'inscrit dans une tradition qui est celle de la littérature prolétarienne, de Henry Poulaille à Robert Linhardt, en passant par Georges Navel, Joseph Ponthus la renouvelle ici de fond en comble en lui donnant une dimension poétique qui est l'autre nom de cette espérance de changer la vie, comme le voulait Rimbaud.

 

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