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Blog-Serge-FREYDIER
30 novembre 2019

Firenze LAI et l'être anonyme

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  « J'ai toujours pensé que je deviendrais artiste, depuis mes cinq ans. C'était comme une impulsion, un instinct ». Firenze LAI (né en 1984, à Hong Kong) diplômée de la Hong Kong Art School

 

C’est une des nouvelles expositions du Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Etienne : L’équilibre des blancs par Firenze LAI du 30 novembre 2019 au 17 mai 2020.

Face au visiteur, des personnages disproportionnés occupent la majeure surface du tableau parfois trop petite pour les contenir. Serrés dans un bus, debout à faire la queue dans le métro ou courbés dans des passages souterrains, Firenze Lai insiste sur les mains, les jambes et les pieds. Les parties inférieures à peine dégrossies, semblent s’ancrer dans l’espace contraint. Les visages et regards, plus petits, évoquent un champ de vision réduit dans un vaste monde incontrôlable.

"L'espace et le contexte sont deux préoccupations fondamentales...Je me demande toujours comment on adapte l'esprit et le corps dans différentes circonstances."

Ces personnages anonymes, évoluent dans des fonds neutres, racontent des situations physiques et psychologiques vécues au quotidien. Une pause-déjeuner, une discussion entre amis, côtoient d’autres scènes collectives, comme des chaînes humaines.

En 2014, les manifestations à Hong Kong marquent un tournant dans le travail de Firenze Lai. L’artiste prend conscience d’une société manipulatrice. Ses œuvres examinent dès lors comment les espaces publics avec leur frénésie permanente conditionnent les corps et les esprits. Les tableaux, atmosphériques, dépeignent des personnages tantôt sous influence, tantôt forcés au repli intérieur.                                                                                      

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L’artiste dans son jeune âge n'avait pas eu l'occasion de voir souvent des œuvres d'art. Firenze vient d'une famille de Hong Kong extrêmement modeste. Ainsi, toute sa vie sa mère a été employée dans un restaurant dont la spécialité est la soupe de serpent. Elle raconte que ses ongles sont déformés par les toxines de ces rampants qu'elle nettoie à longueur de journée. Les premières œuvres qu'elle a vues étaient des Picasso exposés dans les maisons de ventes, avant les enchères.

Sa mère refusait qu'elle devienne artiste. Un métier peu sécurisant. Elle a suivi les cours d'une école d'art à Hong Kong pendant deux ans et a commencé à devenir book designer. C'était bien mais elle gagnait alors un salaire très modeste 5000 HK dollars (environ 515 euros) par mois. La nuit elle a commencé à peindre et à dessiner. C'était vers 2006. Elle avait un tout petit bureau qui déterminait la taille de ses œuvres. 

Elle va petit à petit mettre en peinture sa vision de la vie urbaine.

« Nous avons certainement développé un ensemble de compétences de survie afin de nous adapter aux circonstances, nous façonnons notre esprit et notre corps.  L'esprit de Hong Kong est que nous allons vite, incroyablement vite, l’adaptation rapide est dans notre sang, le plus vite est le mieux. »                                                 

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« L'anonymat des figures de mes œuvres suggère que je ne peint pas quelqu'un en particulier, ils sont humains, dans un sens général. Je dis souvent aux gens que je fais très rarement du portrait. D'aussi loin que je me souvienne, un seul a été fait. Je fais de la peinture figurative au lieu du portrait parce que ce dernier est plus susceptible de pointer vers l'individualité. Ce n'est pas la seule chose que je veux dépeindre; la collectivité de l'individualité m'intéresse davantage. »

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