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Blog-Serge-FREYDIER
15 janvier 2020

Christiane Taubira et le retour du clivage gauche droite?

taubira

Il a beaucoup été fait mention de la disparition du clivage droite-gauche depuis la victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle de 2017. Il s'était transformé en un combat entre les progressistes mondialistes et les conservateurs souverainistes.


Pourtant une grande partie de la population française continue à se positionner clairement autour des références de droite et de gauche. Nos concitoyens savent très bien s’ils sont de droite, de gauche ou sans affinités précises. Moins de 9 % d’entre eux ne se situent pas sur un axe droite/gauche et ce positionnement idéologique est un marqueur profond de l’identité sociale d’un individu. Selon qu’ils se disent de droite ou de gauche, ils n’ont ni les mêmes opinions, ni les mêmes comportements.


Le clivage gauche droite sera-t-il de retour pour la présidentielle de 2022? Avec par exemple une incarnation par Christiane Taubira , régulièrement présentée comme un recours à gauche, Christiane Taubira peut-elle réellement rebattre les cartes ? J'avais eu la chance de rencontrer cette brillante oratrice.


Les candidats de gauche et de droite doivent forcément prendre en compte l'évolution des attentes des électeurs.
En 1970, à gauche on avait encore un langage « lutte des classes » qui opposait l’ouvrier et le bourgeois, on croyait sinon au grand soir, du moins à une transformation profonde de la société si la gauche arrivait enfin au pouvoir. À droite, on s’en remettait à cet homme providentiel qu’était le général de Gaulle, puis on a fait confiance à ses successeurs après qu’il ait quitté le pouvoir en 1969.
Aujourd’hui à gauche, on a toujours l’égalité en ligne de mire mais souvent sous la forme d’égalité des chances (et non plus d’égalité des conditions), de réduction des inégalités, et même d’équité qui vise plus à compenser les inégalités qu’à les supprimer. En priorité, la gauche demande plus de justice sociale. Pour autant, ce qui prédomine c’est une certaine résignation ou un constat d’impuissance : à gauche, on se sent dépendant du reste du monde. Que l’on s’y oppose ou non, la mondialisation est passée par là.
À droite, on met en avant le travail (contre ce qu’on appelle « l’assistanat »), la liberté (assortie d’un peu sinon de beaucoup d’ordre), le libéralisme économique, l’identité nationale, l’exigence de respect (« il n’y a plus de respect » est un leitmotiv), mais on a lâché du lest sur les mœurs. Et on conçoit un peu plus aisément d’aider les populations défavorisées. Par charité chrétienne chez les catholiques et, chez d’autres, pour éviter que les « damnés de la terre » menacent l’équilibre instable de notre société.

De fait un double mouvement, de « démarxisation » à gauche et de « déchristianisation » à droite, esquissé plus qu’advenu, explique pour une part ces atténuations des projets et de la violence qui les faisait s’affronter autrefois. Mais ils sont loin d’être compatibles et susceptibles d’être confondus. (source https://www.sciencespo.fr/research/cogito/home/le-clivage-droite-gauche-est-bien-vivant/)

 Face à de faibles chances de passer au second tour, que va pouvoir faire Christiane Taubira?

Sans doute qu'elle va proposer un autre récit, républicain, fraternel, métissé, universaliste à opposer à l’identitarisme dépressif et sombre d’Éric Zemmour ?
Ils ne l’avoueront jamais, ils ne se le formulent sans doute pas mais pour la gauche (candidats ou électeurs), il ne s’agirait déjà plus de gagner l’élection et d’accéder à l’Elysée en 2022 mais bien de faire une bataille culturelle sur les idées.

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