Booder et le renversement du stigmate
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Aujourd'hui dans les tentacules de la stratégie du poulpe le comique Booder avec qui nous avions réalisé un selfie.
Booder est né le 13 août 1978 à Bouarfa, au Maroc, et a rejoint la France en 1979. Il grandit dans le 10e arrondissement de Paris, dans le quartier de la Grange-aux-Belles. Très tôt, il se découvre une passion pour la comédie et s’inscrit au club de théâtre de son lycée.
Actuellement Booder fait son grand retour à la télévision dans la fiction Le Nounou, diffusée sur TF1. Dans une interview pour Télé Star, le lundi 19 février, l'humoriste est revenu sur sa carrière et sur les moqueries et préjugés liés à son physique dont il est régulièrement victime. L'acteur de 45 ans a affirmé que contrairement à ce que l'on pouvait penser, il n'en a jamais vraiment souffert : "Contrairement à ce qu'on pourrait croire, je n'ai pas subi ces moqueries, parce que j'ai cette chance d'être né avec de la répartie, de l'humour."
L'autodérision a donc permis à Booder de se protéger de remarques qui auraient pu profondément l'affecter : "L'autodérision, c'est d'abord se moquer de la manière dont les gens vous regardent. Ça m'a énormément aidé." En novembre dernier, dans On refait la télé sur RTL l'ami du défunt Wahid Bouzidi, s’était déjà confié sur son rapport à son physique et avait une nouvelle fois mis fin aux rumeurs de maladie : "Je ressemble à mon grand-oncle, qui était un grand homme, respecté dans le village dans lequel je suis né, et je suis très fier d’avoir cette tête-là."
Booder voit comment les gens le regardent et il sait ce qu’ils pensent de lui. Cela dit, l’humoriste ne s’est jamais laissé vexer. Au contraire, cela lui fait rire qu’on le prenne pour « un Martien ». Pour l’humoriste, si une personne ne se sent pas belle, c’est parce qu’elle n’a « pas de chéri » pour la regarder telle qu’elle est.
N’ayant pas de problème avec son apparence, il en a même fait sa force et n’hésite pas à en parler dans ses sketchs.
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Qu'en dirait le sociologue américain Goffman?
Pour Erving Goffman, il est question de stigmate à partir du moment où il y a une situation dans laquelle un individu est disqualifié et de ce fait empêché d’être pleinement accepté par la société. Le propre de cette disqualification est qu’elle n’est pas ontologique, c’est-à-dire inhérente à l’individu et liée à une incapacité réelle, mais assignée par la société en vertu d’un handicap quel qu’il soit – physique, mental, social – et prenant une portée bien plus grande que la réalité de ce dernier. L’origine de cette pratique est à chercher dans les mythes grecs où le stigmate correspond à une marque corporelle. Ces signes, cicatrices en tout genre, marquent, exposent les criminels, les esclaves, les prostituées ; et adoptent la dimension relationnelle du stigmate par leur signification repoussante : la personne qui dialoguerait avec un stigmatisé provoquerait l’incompréhension de ses pairs et risquerait d’être frappée de la même indignité. D’après Goffman, le stigmate occupe une fonction de contrôle social et constitue un mode de compétition. Il « réduit efficacement et durablement les chances d’une personne » en justifiant ce qui n’est au départ qu’une position de principe : l’infériorité d’autrui