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Blog-Serge-FREYDIER
10 mars 2013

Vernissage Une pièce de Vaclàv Havel au Musée d'Art Moderne de Saint-Etienne

 vernissage Quelle surprise une pièce de théâtre au Musée d'Art Moderne de Saint-Etienne. Avec la compagnie parisienne Le Tamanoir http://www.letamanoir.fr/spip/spip.php?article28

(Photo avec les 3 personnages Véra, Michaël et Ferdinand)

Lorsque le metteur en scène Adrien de Van découvre il y a quelques années les textes de vaclàv Havel, il est aussitôt "séduit par leur force comique et le témoignage qu'ils portaient sur ces heures sombres de l'Europe de l'Est". D'où cette envie mûrie de se saisir de cette pièce miniature pour trois comédiens. Ferdinand et Michaël ont autrefois milité ensemble. Depuis, Michaël s'est marié avec Véra et mène une vie épanouie : appartement soigné, bonne situation, enfant modèle, bonheur conjugual... Ferdinand, lui, écrivain censuré, garde encore les stigmates du passé. Pendant le dîner auquel il est convié par Véra et Michaël, ces deux derniers ne vont avoir de cesse de le convaincre de leur réussite et de son échec. Mais l'attitude impassible de Ferdinand va avoir l'effet d'un cataclysme pour le jeune couple et faire exploser toutes les barrières20130310_RDV_SPECTACLE_vernissage_vaclav_havel_535x124

 Ce couple qui dit avoir  "réussi" est figé dans des normes. Il semble avoir perdu toute authenticité.
Face à eux, Ferdinand ne peut que contempler la coupure entre sa vie et celle des autres, la solitude réservée par la majorité à ceux qui n’intègrent pas la société. Mais il est à sa façon un turlupin capable de faire exploser les certitudes du couple. En restant impassible il va les entrainer dans une surenchère délirante.                                                  logo6

                                           CRITIQUES PRESSE

"Un spectacle au dispositif scénique passionnant permettant une connivence entre les spectateurs conviés malgré eux à cet horrible dîner. Le public est agréablement terrifié et en ressort conquis. La mise en scène et la direction d’acteur d’Adrien de Van tient du génie." - Toutelaculture.com

"Le lieu insolite et la naturelle finesse des comédiens soulignent la qualité et l’actualité de ce texte rarement monté." Les Trois coups

"Vernissage est un chef d’œuvre d’humour." Télérama 


 

6 mars 2013

Claudia Tagbo cartonne!

c_dClaudia Tagbo révélée par le Jamel Comedy Club est un véritable ouragan. Irrésistible pile électrique, elle enchaîne les sketches avec un bagou et une gouaille d'enfer.  Pétillante, généreuse et charismatique, elle nous transmet sa folie communicative pendant tout son spectacle. 
     "Crazy", mis en scène par son acolyte Fabrice Eboué, est un sprint fait d'humour, de danse et de chant où Claudia déploie une énergie inégalée..

 Elle interpellera deux de nos joueurs présents Pierre-Emerick Aubameyang et Josuha Guilavogui " Hooo les gars avec votre salaire vous n'êtes que quatrième?!.."

                               a

 

 

 


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27 février 2013

Orlan, l'art et la nébuleuse Fluxus, 1962-1978

orlanNotre amie Orlan est une artiste de la performance. Travaillant sur le statut du corps dans notre société contemporaine, elle programme sa propre mutation en changeant de corps et d’image. http://www.orlan.eu/

ORLAN_portrait_SipaHD Selon elle: "l’art doit changer le monde". Est-ce le cas pour le mouvement Fluxus?

191_20121027_EXPO_Fiat_FLux_FILLIOU_Robert_joconde_L300Le Musée d’art moderne de Saint-Etienne Métropole présente à partir du 27 octobre "Fiat flux : la nébuleuse Fluxus, 1962-1978", une exposition marquant le cinquantenaire des débuts de Fluxus, mouvement artistique considéré comme l’un des plus importants de la seconde moitié du 20ème siècle.
Reconnue d’intérêt national, réunissant un ensemble d’envir011on 200 œuvres, "Fiat flux" constitue un corpus inédit sur le mouvement Fluxus de 1962 à 1978. Car évoquer la nébuleuse Fluxus dans un musée constitue un défi en soi, si ce n’est un contre-sens. En effet, ce groupe "hors norme" s’est d’abord attaché à produire des "événements", des publications, des objets, et les valeurs renvoyant aux concepts de pièce unique, d’œuvre, d’original sont à l’opposé de l’esprit Fluxus.
004En s’appuyant sur les importantes collections du musée liées à cette période (fonds Vicky Rémy, François et Ninon Robelin) ainsi que sur des prêts exceptionnels consentis par des institutions publiques ou des collections privées (Gino di Maggio / Antonina Zaru), l’exposition vise à dépasser un aspect purement rétrospectif pour mettre tout d’abord en avant le caractère pluridisciplinaire, dynamique et iconoclaste qui fut celui de Fluxus. Au fil de salles thématiques - Les Fluxshops, Fluxus et la musique, L’art et la vie – et de la présentation d’une grande pluralité de médiums, l’exposition permettra ainsi de retrouver revues, affiches, jeux, boîtes, collages, films, photographies, etc. de George Brecht, George Maciunas, Yoko Ono, Robert Filliou, Bob Watts, Ben Patterson, ou Peter Moore.
Dans les salles centrales du musée, deux grands ensembles mettront par ailleurs en avant deux aspects plus spectaculaires de Fluxus. Tout d’abord la violence, exprimée dans l’installation monumentale de Wolf Vostell "Fandango" (1975) qui réunit une trentaine de portières de voiture frappées par un marteau sur fond de toiles d’accidents de voitures. Ensuite, le croisement des disciplines et l’intérêt pour les nouvelles technologies avec une quinzaine d’œuvres du vidéaste Nam June Paik dont l’installation "Sfera / Punto Elettronico" regroupant 26 moniteurs dans un cercle métallique.
Revendiquant la forme d’une "nébuleuse", l’exposition présentera également d’autres œuvres référentielles liées à Fluxus, individuelles ou collectives,  dont une sélection de "Fluxfilms" prêtés par le MNAM/Centre Pompidou, les boîtes anthologiques "Fluxus 1", "Flux Year Box "2 et ainsi que la boîte "Water Yam" de George Brecht.
"Fiat flux" est la première exposition d’une telle envergure en France depuis "L’Esprit Fluxus" présentée au MAC de Marseille en 1995.

20121227_EXPO_Livret_de_famille_FIAT_FLUX_couv_H160Le terme « Fluxus » - qui signifie flux, courant en latin– fut formalisé par l’artiste, galeriste et éditeur américain George Maciunas (1931 – 1978)

Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le Ministère de la Culture et de la Communication/Direction générale des patrimoines/Service des Musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’Etat.

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12 février 2013

Flash Mob Saint-Etienne 14 février --One Billion Rising -- V Day contre les violentes faites aux femmes

Eve_Ensler_danser_contre_les_violences_faites_aux_femmes_mode_uneLe 14 février 2013  à l’appel d’Eve Ensler, l’auteure des Monologues du Vagin, 1 milliard de femmes et d’hommes se lèveront  (http://onebillionrising.org/) pour demander la fin de cette violence, notamment à Saint-Etienne.

-->Comment est née l’idée d’organiser l’événement One Billion Rising ?

Eve Ensler.: " Cela fait maintenant quinze ans que nous célébrons le V-Day (Ndlr : V-Day est la fondation créé par Eve Enslerhttp://www.vday.org/fr/about ) le 14 février. En quinze ans, nous avons connu de nombreuses victoires, par exemple aujourd’hui, tout le monde ose dire le mot « vagin ». Mais cette année, nous voulons intensifier nos efforts. D’après les chiffres de l’ONU, une femme sur trois dans le monde – soit un milliard – va être violée, battue, tuée ou victime d’inceste au cours de sa vie. C’est pour cela que j’ai baptisé l’événement One Billion Rising."

-->Pourquoi avoir choisi la danse comme moyen d’action ?

Eve Ensler. Emma Goldman (Ndlr : une féministe anarchiste russe) a dit un jour : « Je ne veux pas faire partie d’une révolution où personne ne danse ». La danse est l’expression de notre indépendance, cela permet de prendre possession de notre corps, c’est sacré, sexuel et contagieux à la fois. En dansant, on crée une solidarité au sein d’une communauté. C’est un mode d’action non violent mais extrêmement dangereux. Parce que quand les femmes se mettent à danser, on ne sait pas ce qu’il peut se passer…

-->Dans vos actions, particulièrement avec V-Girls (un réseau mondial de jeunes féministes lancé en 2010), vous ciblez surtout les jeunes filles. Pour quelles raisons ?

Eve Ensler. Elles sont l’avenir. Si elles sont libres, elles ne seront pas prisonnières comme nous l’avons été. Elles n’auront pas à se battre, elles seront déjà libérées. L’association V-Girls gagne du terrain, de plus en plus de jeunes filles s’engagent.

 

539580_4321559489295_611450085_nA Saint-Etienne, un flash mob ètait organisé à 18 heures place Jean Jaurès ......J'étais présent avec la capuche, car une pluie froide était de la partie! 267909_523006821056070_1089844834_n

 

 

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http://www.onebillionrising.org/page/event/search_simple?source=BSDAds_7a_300x250&gclid=CIz7jpjFsrUCFYXLtAod4xAAng

 

11 février 2013

ASSE MONTPELLIER Galtier et l'effet boule de neige ou l'effet boule de neige de Galtier

Sans_titre Lors du match contre Montpellier le "chaudron" est sous la neige. Mais l'entraineur Galtier garde son sens de l'humour. Il jette des boules de neige sur René Girard. Cette esprit de turlupin farceur a un effet boule de neige sur son équipe. Tout le monde veut dégager la neige pour que le match ne soit pas reporté (à 20 minutes de la fin le score est de 3-1). Il semble donc qu'une grande dynamique de groupe est enclenchée dans l'équipe!

imagesCA9ZIIQML'effet boule de neige accumule aux événements considérés déjà présents de nouveaux faits en quantité de plus en plus grande. Cet effet tire son nom de l'exemple d'une boule de neige roulant le long d'une pente couverte de neige : on imagine alors que la boule va grossir de plus en plus au fur et à mesure de son parcours, et ceci de plus en plus vite. L'effet boule de neige est un moteur important des comportements grégaires. Le phénomène s'auto-entretient et son amplitude tend donc à augmenter de plus en plus vite.

7 février 2013

Diligence Tram Saint-Etienne et la destruction créatrice de Schumpeter

005dil Il faut redécouvrir la flânerie dans sa ville, on n'est jamais à l'abri d'une surprise.

Les travaux concernant la future façade de la résidence étudiante située rue Gametta à Saint-Etienne, laissent voir une ancienne publicité d’une diligence pour Annonay.  C'est le moment de redécouvrir les temps anciens de Saint-Etienne et de réfléchir sur l’évolution de nos moyens de transport. En effet le tram passe tous les jours devant cette façade. Allez voir!

cycle_schumpeter1L'économiste Schumpeter parlerait d'un phénomène de destruction créatrice. On peut définir le processus de destruction créatrice introduit par Schumpeter, comme étant le mouvement permanent de destructions d’activités liées aux anciennes innovations et de créations de nouvelles activités liées aux nouvelles innovations. Les éléments neufs vont remplacer les anciens.

sans_titre« Le charme est rompu et de nouvelles affaires se créent continuellement, appâtées par le profit. Il se produit une réorganisation complète de l’industrie, avec hausse de la production, concurrence acharnée, disparition des entreprises obsolètes, licenciements éventuels. » Joseph Aloïs Schumpeter, (La théorie de l’évolution économique, 1912).

tram_b11« Le nouveau ne sort pas de l’ancien, mais apparaît à côté de l’ancien, lui fait concurrence jusqu’à le ruiner. » Joseph Schumpeter, Théorie de l’évolution économique, 1911/1926

« La plupart des créations de l’intelligence ou de l’imagination meurent sans laisser de trace après une période qui varie entre une heure d’après-dîner et une génération. » Joseph Schumpeter, Capitalisme, socialisme et démocratie, 1942

« L’entrepreneur […] est le révolutionnaire de l’économie. » Joseph Schumpeter, Théorie de l’évolution économique, 1911/1926


 


 

31 janvier 2013

Une rue des gâteaux à Saint-Etienne

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Connaissez vous la rue des gâteaux vers les Ursules à Saint-Etienne?

Ella & Pitr Street Artistes ont tapissé les murs de gâteaux colorés. D'après mes infos les familles du quartier transmettent un mail au couple avant l'anniversaire de leur enfant.

 

 

 

 

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26 janvier 2013

J'ai rencontré Monsieur Chat

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Monsieur CHAT est le nom d’un graffiti chat, apparu a Orléans, puis à Paris et d’autres capitales européennes depuis 2001. Ce graffiti apparaît le plus souvent sur des cheminées, mais a été vu dans d’autres endroits et sur différents supports, par exemple sur un des tramways de la ville de Sarajevo. Il est aussi apparu dans des manifestations populaires ou politiques. Ce personnage, utilisant la ligne claire, se caractérise par son large sourire de Chat du Comté du Cheshire, croisé dans Alice aux pays des merveilles. Il est souvent représenté en train de courir, mais peut prendre différentes poses, avec des drapeaux, avec des ailes d’anges ou saluant les passagers aux entrées de gares. En 2004, Chris Marker réalise le documentaire Chats Perchés. À l’occasion de l’avant première du film au Centre Pompidou, un énorme chat de 50 x 30 m a été peint au sol de la piazza.
Voici ce que dit Monsieur “Thoma Vuille” Chat dans son avant-propos : « Depuis ce jour, ma principale activité est de peindre des sourires jaunes. Des centaines de chats sont nés sur les toits des capitales européennes, situés à des emplacements visibles du plus grand nombre. Ils assurent un réseau de l’optimisme international. »

M. CHAT (écrit ainsi en majuscule et par défaut prononcé Monsieur  Chat) est une création graphique de l'artiste franco-suisse Thoma Vuille  (né en Suisse en 1977).

Il consiste en un chat jaune orangé réalisé à la peinture acrylique. Ce personnage énigmatique arbore toujours un énorme sourire. À partir de 2003, des ailes blanches lui poussent sur le dos. Il est généralement  peint sur des murs, à des endroits inaccessibles.

Reconnu par les leaders de la scène Street Art européenne, il souhaite s'émanciper de l'effet de mode propre à la mouvance graffiti  et s'assimiler à des mouvement moins marginalisés tels que le "Pop           Art" ou le "Land Art". Difficile de qualifier ce touche à tout, qui sait comme son animal fétiche se jouer des entourloupes que lui dressent les humains.

"Le cadre de mon travail est la ville, ses rues, ses murs, et le regard de ceux qui l’habitent. J’utilise la rue et l’environnement public comme une toile, cherchant à proposer aux passants des fenêtres imaginatives et colorées. Je marque mes parcours, ceux que j’imagine naturels et poétiques dans l’espace urbain. Je cherche à créer des supports à la narration de la ville pour ses habitants, participant à la naissance et à l’échange d’une culture de proximité."


 

26 décembre 2012

Sniper Gravé dans la roche

sniper_065Dans ce rap biz
On est arrivé les mains dans les poches
A l'époque c'était envoi l'bide
On fait l'truc à l'arrache
Et laisse parler la rage
Moi et mes potes
On veut graver ça dans la roche
On a la dalle et rien dans l'bide
De plus le blaze a tourné
Et tu connais la suite
Tout ça est passé bien vite
Où c'est qu'j'en suis
Dans la vraie vie
Oui c'est de ça dont j'parle
Ce s'rait mentir si j'dirais que c'est pareil
Déjà j'suis moins sur la paille
Et j'suis sorti d'mon trou
Voir du pays et vivre
Des moments forts avec mon crew
Kiffer entre nous
Et rendre fier les nôtres
Qui nous ont connus et soutenus
Avant tous les autres
C'est pour les mecs de chez nous
Les équipes de nuit qui baroudent
Ou qui restent postichés au Q.G entres couilles
Là où j'suis dans mon élément
Là où j'ai tellement passé d'temps
A kiffer rien faire, j'suis presque un meuble
Qu'on peut pas deplacer
Comme une encre impossible à effacer
Comme un tag à l'acide ou comme mon blaze
Gravé à la bougie sur les vitres du R.E.R
S.N.I.P.E.R avec un putain d'décor

Eh approche
Ecoute, hoche
La tête si t'accroche
Pour nos familles et nos proches
C'est gravé dans la roche
Sortie de nulle part
C'était écrit c'est pas un hasard
un jour notre blaze s'ra
Gravé dans la roche
On lâche pas on s'accroche
Du but on s'rapproche
Sous l'risque ou sous l'porche
C'est gravé dans la roche
Maint'nant on reste les mêmes
On retranscrit la vie qu'on mène
Sur disque ou sur scène
C'est gravé dans la roche

Aket Tuni Blaki
J'ai pas changé
J'suis toujours le même enfoiré
J'retourne pas ma ste-ve
Non j'garde mes principes et mes points d'attaches
J'kiffe pas la célébrité, j'rammasse juste mon cash
Tous mes points de repère sinon j'suis du-per
La mille-fa, la go, les compères, c'est pépère
Rien à foutre de leur hip-hop jet set
J'profite de la chance que j'ai
J'joue pas l'cain-ri, j'me prend pas la tête
J'suis pas une vedette et j'veux pas en être une
J'suis pas mieux qu'un autre, j'ai pas marché sur la lune
Gravé dans le bitume, gravé dans la roche
Juste ma plume et mes proches
J'me rappelle de nos débuts
9 7 commencement de l'histoire
Proposition d'l'album on voulait même pas y croire
30.01.2001 la machine s'met en route
2003 toujours le biz, le succès rien à foutre
Maint'nant qu'on est àl
On compte bien y rester
Gravé sur la dalle, aimé ou détesté
L'aventure continue et continura
Inch'Allah qui vivra verra

Eh approche
Ecoute, hoche
La tête si t'accroche
Pour nos familles et nos proches
C'est gravé dans la roche
Sortie de nulle part
C'était écrit c'est pas un hasard
Un jour notre blaze s'ra
Gravé dans la roche
On lâche pas on s'accroche
Du but on s'rapproche
Sous l'risque ou sous l'porche
C'est gravé dans la roche
Maint'nant on reste les mêmes
On retranscrit la vie qu'on mène
Sur disque ou sur scène
C'est gravé dans la roche

Tu sais qu'j'ai arrété l'chant
Fini d'rapper dans ma chambre
Tu sais tout à changer depuis le 11 septembre
Mes progrès c'est idem
Du kiff-kiff au final
T'as r'connu la voix qu't'aime
La même signature vocale
Car calle à l'arrache
Du hip hop sans complexe
Tellement gravé dans la roche
Que j'allume mes clopes au silex
Riche pas encore, toujours le même problème de flouze
Cette maladie incurable qu'ils soignent par pacte de 12
Eh ma belle! y'a pire, moi j'me tue à la tache
Respire, la vie est belle ça s'écrit pas V.I.H.
Toujours le même salaud déguelasse, efficace, rapace
Qui joue l'beau alias Tunisiano
Mon premier cassage de dos
Comme mes premières tunes
Mon premier pas au studio
Comme le premier pas sur la lune
Les mêmes raklis, les mêmes cliniques pressentis
(arabe)
Les mêmes histoires de tarma J.lo ou R.kelly
De la mort d'Bigui au pont de l'Alma et Lady D.
Ici tu hoche la tête, l'album te met en transe
Sniper gravé dans la roche, on revient choquer la France

Eh approche
Ecoute, hoche
La tête si t'accroche
Pour nos familles et nos proches
C'est gravé dans la roche
Sortie de nulle part
C'était écrit c'est pas un hasard
Un jour notre blaze s'ra
Gravé dans la roche
On lâche pas on s'accroche
Du but on s'rapproche
Sous l'risque ou sous l'porche
C'est gravé dans la roche
Maint'nant on reste les mêmes
On retranscrit la vie qu'on mène
Sur disque ou sur scène
C'est gravé dans la roche

Aketo, moi je rappe ma vie, on persiste et on lâche pas prise
Quoi qu't'en dise
On veut contrôler le réseau
Seulement si dieu veut on l'aura
Marqué de mon emblème ce monde ???

Eh approche
Ecoute, hoche
La tête si t'accroche
Pour nos familles et nos proches
C'est gravé dans la roche
Sortie de nulle part
C'était écrit c'est pas un hasard
Un jour notre blaze s'ra
Gravé dans la roche
On lâche pas on s'accroche
Du but on s'rapproche
Sous l'risque ou sous l'porche
C'est gravé dans la roche
Maint'nant on reste les mêmes
On retranscrit la vie qu'on mène
Sur disque ou sur scène
C'est gravé dans la roche...

7 décembre 2012

Le Journal Le Progrès parle du blog La Stratégie Du Poulpe

002C'est dans un article sur la blogosphère stéphanoise que #LaSDP est citée, bravo! 

001

 

 

4 novembre 2012

Mustapha Bayal Sall plus malin que Zlatan !

bayalJe suis très content du retour de Bayal  http://www.lequipe.fr/Football/FootballFicheJoueur25272.html ) dans l'effectif de l'ASSE. J'ai toujours suivi ce joueur très sympa et spectaculaire en regrettant sa mise à l'écart dans le loft (terme désignant un joueur écarté par le coach). Belle revanche pour Bayal!!

Après le fameux match PSG Saint-Etienne du 3 novembre 2012 il déclare en souriant: " C’était dur, mais ça s’est bien passé. J’ai respecté les consignes du coach (Christophe Galtier). Il fallait aller au duel et l’énerver, je crois que ça a marché. Il était vraiment énervé. Il mettait des coups de coude. Il ne parle pas français, mais je crois qu’il y a eu des insultes de sa part. »

 En effet dans la vidéo ci-dessous on voit que le géant suédois était très énervé....

1 octobre 2012

Michel Cymes-----Trickster le fripon--le turlupin

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Michel Cymes le médecin présentateur de la 5 est un sacré turlupin. C'est le roi de la blague dans l'émission...Un sacré turlupin(exemple sur You tube--> http://www.youtube.com/watch?v=cLpQPIV7XsU)

C’est Paul Radin qui a rendu célébre le Trickster, (littéralement « farceur ») , petit personnage mythique présent dans toutes les cultures.

Le Trickster est par exemple l’équivalent du lutin dans la culture des indiens des amériques. Le trickster, « fripon divin », fait des tours pendables, possède une activité désordonnée incessante, une sexualité débordante, etc., il est selon Paul Radin (1956) un miroir de l’esprit, un « speculum mentis ». Ce qui donna lieu grâce à son co-travail avec Carl Gustav Jung au développement du concept d’enfant intérieur, mais aussi d’une pratique psychothérapeutique.

Le Trickster est à la base une divinité chaotique à la fois bonne et mauvaise, c’est une forme de médiateur entre le divin et l’homme. Il passe avec facilité d’autodérision au sérieux le plus total ; mourir, renaître, voyager dans l’au-delà et conter sont certains de ses attributs. Il est indispensable à la société : sans lui, elle serait sans âme.

Phallic_kokopelliLe Trickster est une sorte d’individualiste solitaire contemplant les institutions telles des entités étrangères. Ne laissant personne indifférent, l’humour est son arme de prédilection, même si celui-ci peut être cruel. L’anthropologie, nous révèlerait que « Nous avons tous un enfant en nous même » et que de nombreux peuples ont exprimé ce fait.

La perspective Jungienne, au travers de l’ouvrage « le fripon divin : le mythe indien », envisage l’existence d’un processus qui renvoie à un archétype présent, dans chaque être humain, quelle que soit sa culture. Cette universalité, se retrouverait, au travers du Fripon divin. Le fripon divin est la figure de la petite créature mythique des légendes mais plus encore il est aussi une composante de notre âme. Attention cependant la notion de Trickster et d’enfant divin ne se recouvrent que partiellement. Et d’une certaine manière le Trickster est le double, l’ambivalence, la part d’Ombre de l’enfant divin etc. : L’ombre et la lumiére en somme.

« L’ombre est quelque chose d’inférieur, de primitif, d’inadapté et de malencontreux, mais non d’absolument mauvais. »

« Il n’y a pas de lumière sans ombre et pas de totalité psychique sans imperfection. La vie nécessite pour son épanouissement non pas de la perfection mais de la plénitude. Sans imperfection, il n’y a ni progression, ni ascension. »

in C.G. Jung « L’Âme et la vie », LGF – Livre de Poche, 1995 (ISBN 2-253-06434-3). L’ouvrage L’Âme et la vie est constitué de textes essentiels de Carl Gustav Jung, réunis et présentés par Jolande Jacobi, introduits par Michel Cazenave

Paul Radin, co-auteur de l’ouvrage « Le mythe du Fripon » écrit :

Il n’est guère de mythe aussi répandu dans le monde entier que celui que l’on connaît sous le nom de « mythe du Fripon » dont nous nous occuperons ici. Il y a peu de mythes dont nous puissions affirmer avec autant d’assurance qu’ils appartiennent aux plus anciens modes d’expression de l’humanité ; peu d’autres mythes ont conservé leur contenu originel de façon aussi inchangée. (…) Il est manifeste que nous nous trouvons ici en présence d’une figure et d’un thème, ou de divers thèmes, doués d’un charme particulier et durable et qui exercent une force d’attraction peu ordinaire sur l’humanité depuis les débuts de la civilisation.

fripon_profil01_600Il s’agit d’un être fruste et rusé, plein d’innocence et de convoitise, qui enfreint toutes les règles, commet toutes les maladresses, déclenche toutes les catastrophes et tombe dans tous les pièges, y compris ceux qu’il a tendus lui-même. Le parcours du trickster est celui d’un apprentissage par l’absurde, en quelque sorte.

Comme Till l’espiègle, personnage de saltimbanque malicieux et farceur de la littérature populaire du Nord de l’Allemagne. (Son nom a la forme Till Eulenspiegel en allemand). Ce nom est à l’origine de l’adjectif espiègle : il fut emprunté en français dès le XVIe siècle sous la forme Till Ulespiegle qui donna lieu à toute une littérature.

Il peut passer une partie de son existence sous forme animale, ou encore le personnage peut être décomposé en plusieurs rôles dont certains sont tenus par des animaux comme la Corneille, le Renard, en Amérique le Coyote, etc…, qui ne sont pas sans faire penser à un recueil de récits médiévaux français des XIIe et XIIIe siècles ayant pour héros des animaux agissant comme des humains : Le Roman de Renart.

Le trickster est à vrai dire tellement divers, tellement polymorphe qu’il est parfois difficile de lui conserver une réelle individualité.

Prolongements inattendus

 

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Till Eulenspiegel

C’est au terme de cet apprentissage qu’il deviendra un être humain, ce qu’il n’était pas, ou pas toujours, au départ. Et cette dernière notion est importante car elle évoque une évolution, un passage à l’état d’adulte, à celui d’homme ou de femme mature.

Ce que précisément Carl Gustav Jung a découvert aussi dans son concept d’individuation.

Ces travaux autour du Trickster permirent à Carl Gustav Jung de développer le concept d’enfant intérieur, (enfant divin ou fripon divin), en apportant donc sa contribution à l’étude de la psychologie du fripon.

Cela eut aussi un développement a priori inattendu, celui de la notion d’enfant intérieur, utilisé en psychothérapie pour adulte. C’est-à-dire quand un homme ou une femme parvenus à ce que l’on nomme la seconde partie de la vie décident d’entreprendre un chemin de développement personnel.

Perspective de psychopathologie

Dans ses manifestations les plus évidentes, l’image du trickster est une représentation fidèle de la plus totale indifférenciation de la psyché humaine, à peine sortie du stade animal.

En psychopathologie, l’image du trickster se manifeste dans la psyché de la personnalité dissociée à l’intérieur de laquelle s’active une personnification collective de traits meilleurs ou pires que le moi.

Chez l’homme normal, la figure du trickster est représentée par des contre-tendances inconscientes apparaissant chaque fois que l’homme se sent à la merci d’incidents apparemment malveillants ; ce trait de caractère est l’ombre ; on explique que le mythe du trickster a été préservé et développé pour son effet thérapeutique : afin de lui rappeler son passé, le niveau primitif intellectuel et moral inférieur est maintenu face à la conscience de l’individu plus développé.

Le trickster est comparé à l’ombre individuelle : ils ont tous deux un but commun, la recherche du sens. Bien que l’ombre apparaisse négative, certains de ses traits ou associations peuvent parfois indiquer une résolution positive du conflit.

Références bibliograpiques

C.G. Jung « L’Âme et la vie », LGF – Livre de Poche, 1995 (ISBN 2-253-06434-3). L’ouvrage L’Âme et la vie est constitué de textes essentiels de Carl Gustav Jung, réunis et présentés par Jolande Jacobi, introduits par Michel Cazenave.

Radin, The Trickster: A Study in Native American Mythology, 1956 (ISBN 978-0805203516)

Carl Gustav Jung, Le Fripon divin : un mythe indien, ouvrage collectif avec Radin et Kerényi, éditions Librairie de l’Université, Georg et Cie, 1958.

17 février 2012

Le conatus de Spinoza

Spinoza

Le conatus de l’individu humain, en tant que celui-ci connaît sa propre nature, se résume à cette seule formule: connaître et connaître pour connaître. Tel est le fondement de l’existence humaine selon Spinoza. Il doit nous permettre de réaliser notre nature même et nous permettre la joie, joie qui résulte de la réalisation de notre nature permise par la connaissance de cette nature. Parce que vivre est à soi-même sa propre fin et parce que la raison n’est pas autre chose que nous-mêmes, nous voulons persévérer dans notre être, ce qui revient à dire dans la pensée de Spinoza, connaître. Pour Spinoza, l’effort de comprendre n’est autre que le conatus parvenu à son plus haut degré d’efficience, le désir de connaître étant la vérité du désir d’être.

Toute chose qui existe effectivement ou « réellement et absolument » fait l'effort de persévérer dans son être ; Spinoza nomme conatus la puissance propre et singulière de tout « étant » à persévérer dans cet effort pour conserver et même augmenter, sa puissance d'être. Le conatus est un terme dont l'extension à tout étant-existant singulier est universelle et si, par restriction, on en limite seulement l'application à tout être « vivant » alors, il prend le nom, moins abstrait, d'« appétit » qui se manifeste nécessairement sous les deux manières d'êtres indissociables dont s'exprime l'être à la raison « commune » des hommes : la matière (en tant que puissance d'agir et donc de produire des effets) et l'esprit (en tant que puissance de penser).

« Chaque chose, autant qu'il est en elle, s'efforce de persévérer dans son être. »

— Éthique III, Proposition VI

« L'effort par lequel toute chose tend à persévérer dans son être n'est rien de plus que l'essence actuelle de cette chose. »

— Éthique III, Proposition VII

 

Le concept de conatus est lié, chez Spinoza au couple constitué de deux affects joie et tristesse. Tout « facteur » qui vient augmenter notre puissance d'exister, et donc favoriser notre conatus, provoque inévitablement en nous un affect de joie. Inversement, tout facteur réduisant notre puissance d'exister provoque immanquablement de la tristesse.

Comme l'écrit Spinoza dans Éthique III : « On ne désire pas une chose parce qu'elle est bonne, c'est parce que nous la désirons que nous la trouvons bonne ». C'est donc bien le désir qui produit les valeurs et non l'inverse.

 Le conatus est une stratégie dynamique qui dépend du degré d'activité : toute chose s'efforce de persévérer dans son être, c'est-à-dire dans la direction de l'affirmation de soi qui lui est propre, pour accroître sa puissance. Le conatuschez l'individu (et le conatus peut quasiment être identifié à un « principe d'individuation » et peut-être même de subjectivation) se traduit donc par l'activité, la recherche de ce qui va accroître sa puissance.

C'est là qu'interviennent les passions, actives ou passives, tristes ou joyeuses, soit la « tristesse » et la « joie ». Une passion joyeuse, comme une rencontre heureuse avec une chose (aliment) ou un être, va inciter à renouveler ce sentiment heureux, et va, par conséquent, avoir un rôle moteur chez l'individu : il devient dynamique, c'est la manifestation du conatus. Il va à présent rechercher des situations heureuses pour renouveler ce sentiment de puissance et en même temps, l'accroître.


Résumé de la partie III de l’Ethique – extrait de Steven Nadler

Ce qui est vrai de la volonté (et, bien sûr, de notre corps) est vrai de tous les phénomènes de notre vie psychologique. Spinoza croit que c’est là quelque chose qui n’a pas été suffisamment compris par les penseurs qui l’ont précédé et qui semblent avoir voulu placer l’être humain sur un piédestal à l’extérieur (ou au-dessus) de la nature.

« Ceux qui ont écrit sur les Affections et la conduite de la vie humaine semblent, pour la plupart, traiter non de choses naturelles qui suivent les lois communes de la Nature mais de choses qui sont hors de la Nature. En vérité, on dirait qu’ils conçoivent l’homme dans la Nature comme un empire dans un empire. Ils croient, en effet, que l’homme trouble l’ordre de la Nature plutôt qu’il ne le suit, qu’il a sur ses propres actions un pouvoir absolu et ne tire que de lui-même sa déterminations. » (Ethique III, préface).

Descartes, par exemple, croyait que, pour préserver la liberté de l’être humain, il fallait que l’âme échappât aux lois déterministes qui règlent l’univers matériel.

L’objectif de Spinoza dans ce qui constitue, dans la version publiée, les troisième et quatrième parties est, ainsi qu’il le dit dans la préface à la troisième partie, de rétablir l’être humain et sa vie affective et volitive à leur juste place dans la nature. Car rien n’est extérieur à la nature, pas même l’esprit humain.

« [La Nature] est toujours la même en effet; sa vertu et sa puissance d’agir est une et partout la même, c’est-à-dire les lois et règles de la Nature, conformément auxquelles tout arrive et passe d’une forme à une autre, sont partout et toujours les mêmes; par suite, la voie droite pour connaître la nature des choses, quelles qu’elles soient, doit être aussi une et la même; c’est toujours par le moyen des lois et règles universelles de la Nature. »

Nos affections – , colère, . envie, orgueil, jalousie, etc. – « suivent de la même nécessité et de la même vertu de la Nature que les autres choses singulières ». Spinoza explique donc ces – aussi déterminées dans leur occurrence que le sont un corps en mouvement ou les propriétés d’une figure mathématique – tout comme il expliquerait toute autre chose dans la nature. « Je traiterai donc de la nature des Affections et de leurs forces, du pouvoir de l’Âme sur elles, suivant la même Méthode que dans les parties précédentes de Dieu et de l’Âme, et je considérerai les actions et les appétits humains comme s’il était question de lignes, de surfaces et de solides. »

Nos se divisent en actions et en passions. Quand la cause d’un événement réside dans notre propre nature – plus particulièrement, notre connaissance ou nos idées adéquates – alors il s’agit d’un cas où l’esprit est actif. D’autre part, quand quelque chose arrive en nous dont la cause est extérieure à notre nature, alors nous sommes passifs. Habituellement ce qui se passe, aussi bien quand nous sommes actifs que quand nous sommes passifs, c’est un changement dans nos capacités mentales ou physiques, ce que Spinoza nomme « un accroissement ou une diminution de notre puissance d’agir » ou de notre « puissance à persévérer dans notre être ». Tous les êtres sont naturellement doués d’une telle puissance ou d’une telle propension. Ce , sorte d’inertie existentielle, constitue « l’essence » de tout être. « Chaque chose, autant qu’il est en elle, s’efforce de persévérer dans son être. » (III, 6). Un affect est tout simplement un changement dans cette puissance, pour le meilleur ou pour le pire. Les affects qui sont dits actions sont des changements dans cette puissance qui ont leur source (ou leur « cause adéquate ») dans notre nature seule ; les affects qui sont dits passions sont les changements de cette puissance qui viennent de l’extérieur.

Ce que nous devrions nous efforcer de faire, c’est de nous affranchir des passions – ou, cela n’étant guère possible, apprendre au moins à les modérer et à les restreindre – et devenir des êtres actifs et autonomes. Si nous parvenons à faire cela, alors nous serons « libres » dans la mesure où tout ce qui nous arrivera résultera non de nos relations aux choses qui nous sont extérieures, mais de notre propre nature (comme cela découle des attributs de Dieu, c’est-à-dire de la substance dont notre esprit et notre corps sont des modes, et comme cela est finalement et nécessairement déterminé par ces attributs). Nous serons alors véritablement libérés des pénibles hauts et bas affectifs de cette vie. Pour y parvenir il nous faut accroître notre connaissance, notre trésor d’idées adéquates et éliminer autant que faire se peut nos idées inadéquates qui ne viennent pas de la nature de notre âme seulement mais du fait qu’elle est une expression de la façon dont notre corps est affecté par d’autres corps. En d’autres termes, nous devons nous libérer de notre dépendance à l’égard des sens et de l’imagination, car une vie des sens et des images est une vie passive et conduite par les objets qui nous entourent, et nous devons nous fier autant que nous le pouvons à nos facultés rationnelles.

À cause de notre propension innée à persévérer dans notre être – ce qui, chez l’être humain, s’appelle « volonté » ou « appétit » – nous recherchons naturellement les choses qui, croyons-nous, nous profiteront en accroissant notre puissance d’agir et nous évitons ou fuyons les choses qui, croyons nous, nous nuiront en diminuant notre puissance d’agir. Cela fournit à Spinoza un fondement pour dresser un catalogue des passions humaines. Car les passions sont toutes fonction de la manière dont les choses extérieures affectent notre puissance et nos capacités. La , par exemple, est simplement le mouvement ou le passage vers une capacité plus grande d’action. « Par j’entendrai donc [ ... ] une passion par laquelle l’Âme passe à une perfection plus grande. » (III, 11 scolie) En tant que passion, la joie est toujours occasionnée par un objet extérieur. La , d’autre part, est le passage à un degré de perfection moindre, occasionné également par un objet extérieur. L’Amour est simplement la Joie qu’accompagne la conscience de la cause extérieure qui apporte le passage à une perfection plus grande. Nous aimons l’objet qui nous avantage et nous procure de la joie. La Haine n’est qu’une « qu’accompagne l’idée d’une cause extérieure ». L’Espoir n’est qu’une « Joie inconstante née de l’image d’une chose future ou passée dont l’issue est tenue pour douteuse ». Nous espérons une chose dont la présence, encore incertaine, apportera de la joie. Nous craignons, par ailleurs, une chose dont la présence, également incertaine, apportera de la . Quand la chose dont l’issue était tenue pour douteuse devient certaine, l’espoir devient sécurité tandis que la crainte devient désespoir.

Toutes les émotions humaines, en tant que passions, sont constamment dirigées vers l’extérieur, vers des objets et vers leurs capacités à nous affecter d’une manière ou d’une autre. Mus par nos passions et nos désirs, nous recherchons ou fuyons les objets qui, croyons-nous, provoquent de la joie ou de la tristesse. « Tout ce que nous imaginons qui mène à la Joie, nous nous efforçons d’en procurer la venue; tout ce que nous imaginons qui lui est contraire ou mène li la Tristesse, nous nous efforçons de l’écarter ou de le détruire. » (III, 28). Nos espoirs et nos craintes fluctuent selon que nous considérons que les objets de nos désirs ou de nos aversions sont éloignés, proches, nécessaires, possibles ou improbables. Mais les objets de nos passions, parce qu’ils nous sont extérieurs, échappent complètement à notre contrôle. Aussi. plus nous nous laissons contrôler par eux, plus nous sommes soumis aux passions et moins nous sommes actifs et libres. Le résultat est une image plutôt désolante d’une vie embourbée dans les passions et poursuivant ou fuyant les objets changeants et éphémères qui les causent : « Nous sommes mus en beaucoup de manières par les causes extérieures, et, pareils aux vagues de la mer mues par des vents contraires, nous sommes ballottés, ignorant ce qui nous adviendra et quel sera noire destin. » (III, 59 scolie). Le titre de la quatrième partie de l’Éthique révèle avec une clarté parfaite le jugement que Spinoza porte sur une telle vie pour l’homme : « De la Servitude de l’homme, ou des Forces des Affects ». Il explique qu’il appelle « Servitude l’impuissance de l’homme à gouverner et réduire ses affects ; soumis aux affects, en effet, l’homme ne relève pas de lui-même, mais de la fortune, dont le pouvoir est tel sur lui que souvent il est contraint, voyant le meilleur, de faire le pire. » C’est, dit-il, une espèce de « maladie de l’âme » de ressentir un amour excessif pour une chose « soumise à de nombreux changements et que nous ne pouvons posséder entièrement » (V, 20 scolie).

Steven Nadler, Spinoza, Bayard, 2003, p. 281-284.


Résumé de la partie III de L’Ethique – extrait de Pierre-François Moreau

La troisième partie de l’Éthique est explicitement consacrée à la nature et à l’origine des . Ceux-ci sont de deux sortes : actions et . Les nous font ressentir impuissance et déchirement – c’est probablement là l’expérience fondamentale de ce que le spinozisme nomme la servitude. La recherche de la liberté consistera donc à découvrir les remèdes aux et la puissance de la Raison. On sait que Spinoza ne reprend pas à son compte l’opposition cartésienne par laquelle ce qui est passion dans le corps est action dans l’âme et réciproquement. Au contraire, selon le principe que les commentateurs appellent improprement parallélisme, et qui consiste en fait dans l’unité des attributs, donc aussi de l’âme et du corps, toute augmentation de la puissance d’agir du corps correspond à une augmentation de celle de l’âme : l’Ame et le corps sont actifs ensemble lorsqu’ils sont cause adéquate, passifs ensemble lorsqu’ils sont cause inadéquate. Le passage à l’activité implique donc une connaissance de la vie des affects, et c’est ici que Spinoza rencontre le discours commun des tel qu’il est tenu partout au XVIIe siècle – où presque tous les philosophes se doivent d’intégrer à leur doctrine une théorie des et où théologiens, politiques et théoriciens du théâtre les rejoignent sur ce terrain. Ce qui ne signifie nullement que Spinoza reprend ce discours commun sous la forme où tout le monde l’énonce. L’auteur de l’Éthique décrit les passions mais surtout il les reconstruit génétiquement. Cela implique non seulement qu’il les classe selon un ordre rationnel, mais d’abord que cet ordre est celui de leur production. Il doit donc, avant de parler de telle ou telle passion, mettre en évidence des mécanismes d’engendrement, c’est-à-dire d’abord montrer ce que sont les passions primitives, ensuite indiquer quels phénomènes les diversifient, les associent, les transforment. Les trois passions primitives, formes premières prises par l’effort pour persévérer dans son être et par les modifications de la puissance d’agir, sont le désir, la et la . Le désir, qui est tendance à persévérer dans son être ; la joie. qui est l’augmentation de notre puissance d’agir ; la , qui est la diminution de notre puissance d’agir. Quant aux transformations subies par ces passions primitives, elles rentrent dans deux grandes catégories : on pourrait dire que la vie humaine s’organise finalement selon deux sortes de passions – celles qui sont fondées sur les enchaînements objectaux et celles qui sont fondées sur la similitude, domaine où se développera l’ des affects. En effet, une première série de propositions explique comment se produit le mécanisme d’objectivation (III, 12, 13 et scolie : on passe de joie et tristesse à et : désormais les passions fondamentales se sont donné des objets: c’est à partir de la relation avec ceux-ci que vont se mettre en œuvre les autres mécanismes) ; puis sont analysés les mécanismes d’association (III, 14-17) et de temporalisation (III, 18, sur l’espoir et la crainte, qu’il faut compléter par la proposition 50 sur les présages) ; enfin les mécanismes d’identification (III, 19-24 : nous aimons ceux qui aiment la, chose que nous aimons, nous haïssons ceux qui la haïssent ; à partir de la proposition 22 le raisonnement fait intervenir un tiers qui n’est pas autrement déterminé). Mais, à partir de la proposition 27, on voit surgir un tout antre univers passionnel ; et autant Spinoza est classique, en un sens, tant qu’il s’occupe des relations objectales – quitte à les unifier et les recomposer, puisqu’il cherche à déchiffrer un petit nombre de tendances servant à elles seules à éclairer l’ensemble des comportements humains ; quitte aussi à renverser ou réélaborer certaines des relations traditionnelles – autant désormais il est révolutionnaire. Il s’agit maintenant de reconstruire toute une partie du comportement sur une propriété fondamentale qui n’a rien à voir avec l’objet : l’imitation des affects. Il décrit en effet des passions qui naissent en nous non pas à propos d’un objet externe, mais à partir de la conduite de quelque chose ou, plutôt, de quelqu’un d’autre à l’égard de cet objet ; et la racine de cette production est le fait que ce quelqu’un ou ce quelque chose nous ressemble. Nous avons donc une seconde série de passions qui constituent comme une sphère de la similitude. La proposition 27 introduit l’expression désormais principielle de « chose semblable à nous » – et, du coup, nous remarquons que dans tout ce qui précède jamais il n’avait été fait référence à l’homme – les objets de nos passions, comme nos rivaux ou nos  complices, étaient cités sur un registre général, sans mention de leur qualité d’hommes – les objets pouvaient être des choses inanimées, ou des bêtes, ou le pouvoir ou la gloire. Les tiers qui intervenaient auraient pu être des groupes ou des animaux. Les uns et les autres peuvent évidemment aussi être des hommes, mais cette qualité n’entrait pas en ligne de compte. Ici, au contraire, c’est bien de cela qu’il s’agit. Et Spinoza, qui ne définit jamais ce qu’est un homme, estime au contraire que nous reconnaissons spontanément ce qu’est cette « chose semblable à nous ».

La proposition 27 énonce : « Si nous imaginons qu’une chose semblable à nous et à l’égard de laquelle nous n’éprouvons d’affect d’aucune sorte éprouve quelque affect, nous éprouvons par cela même un affect semblable. » L’important est évidemment que rien ne vient ici prédéterminer l’affect. Suit une série de propositions qui tirent les conséquences logiques de cette efficacité de la similitude ; notons en particulier la proposition 31 qui marque les effets de renforcement ou d’affaiblissement des sentiments : si nous imaginons que quelqu’un aime ce que nous-même aimons, ou hait ce que nous-même haïssons, alors par ce fait même notre amour ou notre haine seront renforcés. Encore une fois il ne s’agit ni d’un calcul rationnel, ni d’une association comme celles qui sont repérées dans les propositions 14 et suivantes : le simple fait qu’une chose semblable à nous éprouve un sentiment (ou plutôt que nous nous représentions qu’elle l’éprouve) suffit à engendrer ce sentiment en nous – et, s’il existait déjà, à en augmenter la force, puisqu’à sa puissance originaire s’ajoute la puissance issue de la similitude ; au contraire, si nous imaginons que quelqu’un a en aversion ce que nous aimons, alors la puissance originaire entre en contradiction avec la puissance issue de la similitude ; aucun des deux affects ne suffit, toutes choses égales par ailleurs, à supprimer l’autre ; nous nous trouvons donc dans une phase de fluctuatio animi. Le corollaire et le scolie de cette proposition 31 indiquent le moyen par lequel nous nous efforçons dès lors de préserver la constance de nos sentiments : si nous sommes tellement influençables par les sentiments d’autrui, ou par l’opinion que nous en avons, le mieux alors serait une situation où autrui aurait d’emblée les mêmes sentiments que nous ; et si ce n’est pas le cas d’emblée, nous allons faire notre possible pour qu’il en soit ainsi ; donc cette caractéristique si cruciale pour la morale et la politique spinozistes (notamment en matière de religion) qui est que les hommes ont toujours le désir de voir vivre les autres selon leur propre ingenium, s’enracine bien dans cette « propriété de la nature humaine » qu’est l’imitatio affectuum. De même, la proposition 32 tire de la proposition 27 une conséquence qui montre les effets parfois néfastes de la psychologie de la similitude : si nous imaginons que quelqu’un (de semblable à nous) tire de la joie d’une chose, aussitôt, par imitation de son affect, nous aimerons cette chose, même si nous ne l’aimions pas antérieurement ; mais s’il s’agit d’une chose qu’un seul peut posséder, le même mouvement par lequel nous nous mettrons à l’aimer fait aussi que nous serons portés à en déposséder celui-là même à l’image duquel nous la désirons. D’où le scolie : par la même propriété de la nature humaine, nous sommes conduits à la commisération envers les malheureux (parce que spontanément nous partageons leur tristesse) et à la jalousie envers les heureux (parce que, comme on vient de le voir, nous ne pouvons partager complètement leur joie tant qu’ils en possèdent l’objet en exclusivité).

Ainsi, ce principe de similitude apparaît, en tant que règle générale de fonctionnement de la nature humaine, comme un facteur puissant d’explication des relations interindividuelles. Il nous fait passer d’un univers où nos passions se donnent des objets, à un monde où elles se compliquent de nos relations avec nos semblables. Une double règle génétique explique donc la psychologie spinoziste : le jeu des passions primitives et l’imitation des affects. Si la première dimension peut nous faire penser à Descartes ou à Hobbes, bien que la liste des affects soit différente, et la teneur des passions primitives modifiée, la seconde dimension suffit à séparer Spinoza des autres philosophes de l’époque. On peut donc mesurer son originalité à trois traits : l’explication par les causes qui considère l’objet comme secondaire par rapport à la force – on serait tenté de dire : l’énergie – de l’affect ; l’imitation des affects fondée sur la similitude ; enfin, une insistance particulière sur le fait que le mécanisme des affects nous est opaque nous-mêmes, y compris lorsque nous croyons maîtriser nos actions.

Pierre-François Moreau, Spinoza et le spinozisme, PUF, 2003, p. 80-84


 

Dieu n'est rien d'autre que le Tout, la Nature, c'est-à-dire l'univers : le spinozisme est un panthéisme. Cet univers est constitué d'individus : un individu est un rapport de mouvement et de repos (ex : un homme, une cellule, une étoile). Les individus sont imbriqués les uns dans les autres : un homme est un organisme constitué d'organes, eux-mêmes constitués de cellules, elles-mêmes constituées de molécules, elles-mêmes constituées d'atomes, etc. L'individu suprême, qui contient tous les autres, est Dieu, c'est-à-dire l'univers entier.

Cette substance unique a une infinité d'attributs (de dimensions), mais nous n'en connaissons que deux : l’étendue et la pensée. Ainsi, de même que l'homme a un corps et une âme, toute chose est à la fois matière et esprit. Le spinozisme est un animisme. Cela dit, l'esprit de chaque chose (son idée) varie considérablement selon la nature de la chose : il est d'autant plus élaboré que la chose peut agir et être affectée de multiples manières.

Le désir est l’essence de toute chose : toute chose s’efforce de persévérer dans son être. Le degré de puissance de tout être varie au gré des rencontres et des interactions avec les autres corps. Tout affect (sentiment) est une variation de puissance : si notre puissance s’accroît, nous ressentons plaisir et joie ; si elle diminue nous ressentons douleur et tristesse.

Le but de la vie est d’augmenter notre puissance pour ressentir joie, plaisir et bonheur. Cet objectif n’oppose pas les hommes mais devrait au contraire les réunir, car l’union fait la force, et rien n’est plus utile à un homme qu’un autre homme : l’homme est un Dieu pour l’homme.

Le but de l’éthique sera donc d’être toujours mû par des affects de joie plutôt que par des passions tristes (tristesse, haine, peur, etc.) : c’est possible par l’amour de Dieu, c’est-à-dire de la Nature, dont nous faisons tous partie et d’où nous tirons tout notre être et notre puissance. Au niveau politique, il s’agit de faire en sorte que les hommes obéissent aux lois par la raison et non par la peur de la punition (passion triste).

Selon Spinoza, tout est déterminé. L’homme ne se croit libre que parce qu’il ignore les causes qui le déterminent à désirer et à agir. La liberté n'est pas à chercher dans le libre arbitre (une telle liberté n’existe pas) mais dans l’obéissance à la raison.

Enfin, le mal n'est rien de positif, il n'est que faiblesse ou bêtise, c'est-à-dire un manque. De même, l'erreur est une idée incomplète et non une idée fausse à proprement parler.

Biographie

Baruch Spinoza (1632-1677) est un philosophe juif d’origine portugaise émigré aux Pays-Bas. Son panthéisme et sa philosophie entraîneront son excommunication de la communauté juive. Héritier de la révolution cartésienne (il est le contemporain de Descartes), il développe le cartésianisme et le transforme radicalement pour constituer une philosophie très cohérente qui associe le mathématisme (conception mathématique de la nature) et une éthique stoïcienne dans laquelle l’acceptation du destin prend la forme de l’amour de la Nature.

Dans ce qui suit, les références entre parenthèses renvoient toutes à l’Ethique de Spinoza.

Ontologie

La substance

Spinoza est panthéiste : Dieu, c’est le Tout, la Nature, l’Univers, la Substance. Cette Substance infinie est la seule chose qui existe, et tout ce qui existe – hommes, animaux, planètes – en fait partie, en est une partie.

Les attributs

Cette Substance a une infinité d’attributs, c’est-à-dire d’aspects sous lesquels on peut la percevoir. Toutefois, nous autres, êtres humains, ne percevons que deux de ces aspects : l’étendue et la pensée. Nous pouvons percevoir ou imaginer chaque chose dans l’espace, comme corps physique, ou alors la concevoir dans la pensée, comme simple idée abstraite. Par exemple, nous pouvons imaginer une pierre, c’est-à-dire nous la représenter dans l’espace, mais nous pouvons aussi la concevoir par la raison, comme une certain nombre d’atomes agencés d’une certaine manière.

Individu

Spinoza appelle individu chaque corps organisé. Un individu est donc un certain rapport de mouvement et de repos. (II, Définition centrale) L’individu reste le même aussi longtemps que ce rapport reste le même. Une cellule vivante, un organe, un organisme, une société organisée, un système solaire, constituent autant d’exemples d’individus. Un individu peut donc être constitué de plusieurs individus, et cet emboîtement peut aller à l’infini. La Nature entière est l’individu suprême, qui contient tout et ne change jamais (II, Lemme 7, scolie).

Conatus

Chaque chose s’efforce de persévérer dans son être (III, 6) et cet effort (conatus) est l’essence (la nature profonde, essentielle) de cette chose (III, 7). Chaque chose – pierre, grenouille, homme, planète – est essentiellement un effort, un désir : le désir de persévérer dans son être. Ce désir consiste à conserver le rapport de mouvement et de repos qui caractérise et constitue l’individu. Chaque chose est, au fond, une partie de la puissance de Dieu (c’est-à-dire de la Nature).

Chose et idée (corps et esprit)

A chaque chose correspond une idée. L’esprit de l’homme n’est rien d’autre que l’idée de son corps. De même pour chaque chose : l’esprit de la chose est l’idée de cette chose. Donc chaque chose a un esprit. On peut dire que Spinoza est animiste. Mais cet esprit est plus ou moins développé selon que le corps dont il est l’idée peut être affecté de manières plus ou moins nombreuses. Ainsi l’esprit de l’homme est plus riche que l’esprit d’une grenouille ou d’une pierre, car le corps humain est susceptible de réagir de très nombreuses manières (il ne faut jamais oublier que le corps inclut le cerveau). (II, 13, scolie)

Spinoza saisit les choses à partir de leur capacité d’être affectées plutôt qu’à partir de leur constitution interne. De ce point de vue baleines et dauphins sont à rattacher aux poissons plutôt qu’aux autres mammifères. De même, du point de vue de la capacité d’être affecté un cheval de trait ressemble plus à un bœuf qu’à un cheval de course.

L’esprit suprême est l’esprit de Dieu, c’est-à-dire de la Nature entière. Cet esprit contient les esprits de chaque être, il est la somme de tous ces esprits. L’esprit de chaque homme est une partie de l’esprit de Dieu (ou esprit du monde).

Connaissance

La conséquence de cette métaphysique en termes d’épistémologie est la suivante : une perception est une affection de notre corps par le monde extérieur. Par conséquent cette affection nous révèle autant, voire davantage, la nature de notre corps que la nature de la chose qui l’affecte. Par exemple, quand je perçois le soleil comme un disque jaune, je perçois en réalité une modification de mon œil ; cette image révèle davantage la nature de mon œil que celle du soleil. Par conséquent toute connaissance est subjective.

Mais on peut soustraire la partie subjective de la connaissance : il suffit pour cela de considérer les rapports entre les perceptions. En effet les différences et les similitudes entre les perceptions ne peuvent venir de mon corps, donc elles viennent des choses : elles sont purement objectives. Que l’herbe soit verte est une vérité subjective qui dépend de ma constitution, mais que l’herbe soit de la même couleur que les feuilles des arbres est une vérité objective qui révèle l’existence d’une propriété commune entre ces êtres. (II, 29, S)

Déterminisme et liberté

Le monde est déterminé. Tout dans la Nature se produit nécessairement. Il n’y a pas de liberté au sens du libre arbitre. Mais on peut être déterminé de deux manières : par soi-même, ou par autre chose. Spinoza appelle liberté le fait d’être déterminé par soi-même. (I, Définition 7) Seul Dieu est parfaitement libre en ce sens (tout en étant déterminé) : car toute partie est toujours déterminée par le monde extérieur.

Libération

Néanmoins l’homme peut être plus ou moins actif ou passif. Il peut accroître sa liberté, notamment par la compréhension. Quand nous comprenons ce qui nous arrive, cela cesse d’être une passion (passive) car nous ne nous y opposons plus (puisque nous en comprenons la nécessité). (V, 3)

Affections

Chaque chose est affectée par les autres choses. On parle d’affection. Par exemple, si je vois le soleil, cela me réchauffe : cela modifie mon corps. C’est une affection, une modification de mon corps.

Affects

Certaines affections ne modifient pas ma puissance. Ce sont les modifications insignifiantes de mon corps. Par exemple, si je croise dans la rue une personne qui m’est indifférente. (III, Postulat 1)

En revanche, certaines affections modifient ma puissance d’agir. Spinoza appelle affects ces affections particulières. (III, Définition 3) Par exemple, si je mange un mauvais champignon, cela produit en moi une affection qui diminue ma puissance d’agir (elle me donne mal au ventre, m’affaiblit, et peut même me tuer). Au contraire, si c’est un bon champignon, il me nourrit et me donne des forces (car je m’approprie son énergie par la digestion) : il accroît donc ma puissance.

Joie et tristesse

Ces variations de puissance que sont les affects se manifestent dans notre conscience par des sensations agréables ou désagréables. Il existe deux catégories d’affects : ceux qui expriment une augmentation de notre puissance, et ceux qui expriment une diminution de notre puissance. Les premiers sont ressentis agréablement, les seconds désagréablement. Spinoza parle d’affects de joie et d’affects de tristesse. La joie, le plaisir, l’amour, la gaieté, l’allégresse, sont autant d’affects joyeux qui révèlent un accroissement de notre puissance. A l’inverse, la tristesse, la souffrance, la colère, la haine, la pitié, expriment tous une diminution de notre puissance.

Passion et action

Il y a une autre distinction : celle qui oppose les passions aux actions. Certaines affections sont actives, d’autres sont passives, selon qu’elles sont causées par nous ou par le monde extérieur.

Toute action augmente nécessairement la puissance de l’être dont elle est l’action. En effet, chaque chose s’efforce de persévérer dans son être. La mort vient toujours de l’extérieur. Un être ne se nuit jamais à lui-même. Spinoza rejette radicalement l’idée d’une pulsion de mort (ce concept n’existe pas à son époque, il sera introduit par Nietzsche et le terme sera introduit par Freud).

En revanche, toute passion ne diminue pas nécessairement ma puissance. Si je suis dans un incendie, sur le point de mourir, et qu’une tornade arrive, me soulève dans les airs et me dépose en douceur dans un champ à dix kilomètres de là, c’est une passion, mais elle accroît ma puissance d’agir. De même, pour donner un exemple moins exotique, si quelqu’un m’aide, par exemple me soigne d’une maladie.

Ethique

A partir de cette ontologie, Spinoza élabore une éthique de la vie, de la puissance et de la joie. La beauté de l’éthique de Spinoza est qu’elle supprime toute tension entre soi et les autres, entre égoïsme et altruisme : l’égoïsme bien compris est naturellement altruiste, affirme Spinoza. Soyez égoïstes, mais soyez intelligents : alors vous serez en même temps altruistes.

Rechercher la joie et la puissance

Puisque l’essence de toute chose est de persévérer dans son être, cet objectif sera le but de l’éthique. Nous devons essayer d’accroître notre puissance, donc rechercher le plaisir et autres affects joyeux. Au contraire, il faut fuir toutes les passions tristes, si souvent érigées en vertus par le christianisme : la souffrance, la haine, et même l’humilité, la pitié, le repentir, n’ont rien de bon, puisque ce sont des tristesses, et doivent être évitées. Cette manière de voir les choses fait de Spinoza un révolutionnaire par rapport à la tradition morale européenne.

La raison

Mais comment faire, pour atteindre ce but, pour accroître notre puissance et expérimenter la joie ? Le seul moyen d’y parvenir est la raison. La raison, on l’a dit, permet de transformer toute passion en action.

L’amour de Dieu

La raison nous permet essentiellement de prendre conscience du fait que nous sommes une partie du Tout, un instrument dans la main de Dieu. Cette conscience nous permet de nous réjouir de cet Être infini, éternel et parfait dont nous émanons et dont nous tirons toute notre puissance. Dieu est l’idée par excellence d’une chose qui accroît notre puissance, et c’est pourquoi il est l’objet suprême de notre amour (rappelons la définition de l’amour : une joie, c’est-à-dire une augmentation de puissance, qu’accompagne l’idée d’une cause extérieure). De plus, par la logique des passions, tout notre bonheur dépend de ce qui arrive à l’objet de notre amour. Si cet objet est à l’abri de tout accident, alors notre bonheur le sera aussi. Aimer Dieu, c’est-à-dire la Nature, est donc la clé d’un bonheur infini, éternel et parfait.

Le mal n’est rien de positif

A partir de cette idée que notre intérêt véritable n’est pas en contradiction avec celui d’autrui, Spinoza peut affirmer, comme Socrate, que nul n’est méchant volontairement, et même que le mal, comme l’erreur, n’est rien de positif : il ne provient pas d’une véritable méchanceté mais seulement d’une faiblesse, d’une impuissance. Si nous faisons parfois le mal c’est parce que nous ne sommes pas assez intelligents pour comprendre où se situe notre véritable intérêt. Il n’est jamais dans notre intérêt véritable d’être injuste envers autrui. Le mal procède d’une étroitesse de vue.

La société

Si nous utilisons la raison pour rechercher ce qui nous est véritablement utile (notre utile propre), nous nous rendrons compte que la chose qui nous est la plus utile, ce sont les autres hommes. L’homme raisonnable s’associe donc avec les autres pour constituer une société ou un Etat, avec des lois qui en assurent le bon fonctionnement. La société, si elle est rationnelle, visera à accroître la puissance et le bonheur de chacun. L’amour de Dieu prôné par Spinoza est lui-même éminemment social (et ne peut donner lieu à aucune guerre de religion) puisqu’il consiste en réalité à aimer le Tout, c’est-à-dire le monde entier.

L’éternité

Voici le point le plus difficile de toute la philosophie de Spinoza : l’éternité. Spinoza affirme que celui qui atteint cet amour de Dieu né de la connaissance adéquate du monde est éternel. Il s’explique en distinguant l’imagination de l’entendement : les idées qui naissent de l’imagination n’existent que dans la mesure où la chose considérée existe ; en revanche, les idées qui naissent du seul entendement sont indépendante de l’existence des choses et sont éternelles.

Voici un exemple pour illustrer cela. Je vois passer une bulle de savon dans le ciel de printemps. Si je m’en tiens à cette image, mon idée est périssable, car elle naît de l’existence de la bulle de savon. Quand la bulle de savon éclate, je ne la vois plus ; au mieux je m’en souviens, tant que mon cerveau conserve l’empreinte de cette image. Mais à ma mort, ce souvenir disparaîtra à jamais. Mais si la bulle de savon et l’image qu’elle provoque en moi sont périssables, en revanche l’idée de sphère et la loi qui explique la formation et l’existence de la bulle de savon sont, elles, éternelles. Si donc je parviens à connaître la bulle de savon par mon entendement plutôt que par mon imagination, l’idée qui se trouve alors dans mon esprit est une idée éternelle. Donc cette partie de mon esprit est éternel.

[L]a part éternelle de l’Esprit est l’entendement, seule partie par laquelle nous soyons actifs ; cette part dont nous avons montré au contraire qu’elle périt est l’imagination elle-même, seule partie de l’Esprit par laquelle nous soyons passifs.
Ethique, Partie V, Proposition 40, Corollaire

Conclusion

L’éthique consiste donc à cheminer, par la raison, vers la compréhension du monde et l’amour de la Nature entière. Ce chemin est difficile, reconnaît Spinoza. Mais les belles choses sont difficiles. L’Ethique se termine par cette phrase : « tout ce qui est précieux est aussi difficile que rare. »

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