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Blog-Serge-FREYDIER
27 août 2014

Le football féminin a-t-il mauvais genre?

naj

 Quand j'ai rencontré Najat Vallaud-Belkacem c'était une froide journée de février. Elle n'était pas encore Ministre des sports (depuis le 26 août Ministre de l'éducation).. Mais n'oublions pas qu'elle était aussi Ministre des Droits des femmes et  de la Jeunesse et l' on sait qu'à ce titre  elle avait beaucoup parlé des questions de genre.  " L’avantage de mon ministère, c’est qu’il rassemble des sujets aux interactions évidentes"

Cette notion a entrainé parfois un débat politique confus. Essayons de l'expliquer avec l'illustration du foot féminin...

Il faut savoir qu'à l'origine le concept de « gender » est né aux Etats-Unis dans les années 1970 dans la volonté d'analyser les rapports hommes / femmes. Les universitaires américaines refusent le rapprochement entre les femmes et la nature (principalement à cause de leurs facultés reproductives) alors que les hommes seraient du côté de la culture.  Un retentissant article publié en 1974 par l'anthropologue Sherry Ortner (3) en rend les termes particulièrement explicites : « Femme est-il à homme ce que nature est à culture ? » En anthropologie, c'est à Margaret Mead que revient une première réflexion sur les rôles sexuels dans les années 1930 (4).  L'étude des rôles assignés aux individus selon les sexes et des caractères proprement féminins et masculins permet de dégager l'apprentissage de ce qui a été donné par la nature.

Le concept de genre a réellement commencé à se diffuser en France au milieu des années 1990, lorsque la Communauté européenne s'est penchée sur les questions de genre et de parité dans la recherche d'une égalité effective. A partir de 1993, les débats sur la parité incitent les travaux sur le genre à prendre en compte le champ politique. Dès les années 1970, les travaux de Janine Mossuz-Lavau (9) sur la visibilité des femmes en rapport au vote, aux élections et à l'éligibilité ont permis un premier rapprochement entre les études de genre et le champ politique.  

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Nous allons l'illustrer avec la pratique d'un sport: le football..  La pratique du football par les femmes est en essor mais elle pose la question de l’émergence, ou non, d’une nouvelle culture au sein d’un espace où l’empreinte masculine est très forte. (photo avec le club de Juvisy que j'avais croisé en avril) 

Quelles caractéristiques mettent en avant les études sociologiques sur le foot féminin?

1. Il semblerait qu'on assiste  dans le football dit féminin, à une masculinisation des esthétiques (l’équipement vestimentaire par exemple).

2. La culture des affects est attribuée aux femmes et la maîtrise de la technique aux hommes

3. Un petit nombre seulement de femmes encadrent les jeunes catégories masculines

4. Présence des hommes dans l’encadrement des sections féminines

5. Si la pratique des femmes reste souvent un loisir, l’engagement est basé sur des modalités sportives et compétitives définies autrement que par la seule « bataille physique ».

6.  La dimension compétitive n’est pas exclue des modalités de pratique féminine mais elle s’incarne plus par le plaisir

7. La pratique féminine se caractérise par la primauté du collectif

Dans ce sens, l’hypothèse d’une culture féminine spécifique, qui serait autonome tout en se nourrissant d'une masculine reste posée.

 

aude

Pour terminer j'ai posé  quelques questions à Aude Moreau milieu de terrain des féminines de l'ASSE:

Q1 Comment a commencé votre pratique du Foot...Pourquoi ce sport ?

Aude: J'ai commencé à jouer dans la cour de récréation en CP avec les garçons, cela s'est fait naturellement, je ne peux pas expliquer pourquoi. Puis mon maître d'école ayant remarqué que j'aimais le foot a dit mon père qu'il pouvait m'inscrire au club puisque le football est mixte pour les enfants. Et j'ai donc commencé en club à l'âge de 8 ans juste après la coupe du monde 98. Je pense que j'ai choisi ce sport car tout le monde y jouait dans la cour et que j'ai toujours été attirée par les sports collectifs et l'esprit d'équipe. Le foot étant le plus accessible, il suffit d'un ballon..., je pense que cela explique mon choix.

Q2 Avez vous eu des remarques du type "c'est un sport pour les garçons"?

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Aude : Forcément j'ai entendu certains préjugés, souvent les garçons des équipes adverses me sous-estimaient et ils ne me prenaient pas au marquage du moins au début du match. J'ai souvent entendu "c'est bon c'est une fille laisse la seule" ou alors des moqueries sur l'équipe parce que j'en faisais partie. Mais en général quand on commençait à jouer ils changeaient d'avis. Sinon c'est ma mère qui me disait que c'était plus un sport de garçons car elle avait peur que je me fasse mal.

Q3 Quels sont vos modèles dans le Foot? (si vous avez des noms)?

Aude : Il ne joue plus mais j'adore Zidane pour sa qualité technique, sa clairvoyance dans le jeu et parce que tous ses gestes techniques servaient le collectif ça n'était pas simplement pour épater la galerie. Actuellement à mon poste de milieu défensif j'apprécie des joueurs comme Iniesta avec sa grande qualité technique et son sens du jeu, Matuidi (ancien Stéphanois) qui fait toujours les efforts et ne lâche jamais rien et qui a de grosses qualités dans la récupération du ballon...

Q4 Le derby Asse Lyon est-ce pour les filles un enjeu aussi important?

Aude :Le derby Asse Lyon n'a pas un enjeu aussi important que celui des garçons. Lyon est l'une des meilleures équipes du monde et les matchs sont très difficiles. Il n'y a pas cette rivalité qui peut exister chez les garçons ou du moins elle beaucoup moins importante.

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